Demain dès l'aube
Yves Jamait
Demain dès l'aube, et pour la vie entière Demain dès l'aube, et pour des millénaires Elle prendra le chemin, le dos comme une voûte Et rejoindra la route, pour la fleurir un brin Ell' n'écoutera pas la ville qui s'éloigne Se réveiller tranquille Comme baille un dimanche N'entendra pas non plus s'étirer la campagne Ni le chant des oiseaux Qui bourgeonnent aux branches Demain dès l'aube, et pour la vie entière Demain dès l'aube, et pour des millénaires Elle prendra le chemin, le dos comme une voûte Et rejoindra la route, pour la fleurir un brin Elle ne sentira pas le souffle d'air fébrile Lui effleurer la joue Ni le soleil naissant Ne sera pas sensible à la douceur d'avril Effleurant les pétales qui s'offrent au printemps Demain dès l'aube, et pour la vie entière Demain dès l'aube, et pour des millénaires Elle prendra le chemin, le dos comme une voûte Et rejoindra la route, pour la fleurir un brin Plus rien ne se reflétera dans ses yeux ternes Que le sel de ses larmes A rongé de chagrin Elle n'a plus d'horizon, Ne reste que des cernes Ou perlent pour toujours, la rosée du matin Quand elle arrivera c'est gorgés de sanglots Que ses mots cogneront au marbre du silence Elle posera les fleurs, Au pied de ce poteau Comme font ceux qui ont mal Pour conjurer l'absence Demain dès l'aube, et pour la vie entière Demain dès l'aube, et pour des millénaires Elle prendra le chemin, le dos comme une voûte Et rejoindra la route, pour la fleurir un brin