Le chanteur devant le micro

Yves Desrosiers

Transposer:

En pleine lumière livré à tous les yeux J'ai tout de suite retrouvé l'habituelle procédure Face au micro, planté comme face à Dieu   Non, non, je suis comme acculé contre un mur Et ce micro là ne peut vraiment pas me saquer D'accord ma voix n'est peut-être pas si bien que ça Si je me ramasse, si je chante comme un pied, Ça va ce savoir, c'est pour ça qu'il est là Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever Ce soir c'est vrai, je suis pas mal enroué Il n'est pas question de moduler mes accords Un seul faux pas, un écart mal joué   Et il va m'envoyer paître dans le décor Ces bêtes là c'est plus fin qu'un cimeterre Parfaite et absolue, son oreille guette ma voix Tant pis si je suis crevé, le moral à terre Si je ne chante pas juste, on entendra que ça Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever Le cou si fin de ce sale micro Porte une tête de serpent à poison Si je me tais, il m'enverra les crocs Et je dois chanter à en cracher mes poumons Couche-toi là, ne bouge pas, tiens-toi droit J'ai bu ton dard, on se connaît déjà Toi t'es une vipère et je suis là pour toi Je ne suis pas chanteur, je charme le cobra Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever L'oiseau de proie affamé et vorace Il picore dans ma bouche les notes qu'il y pêche Il va me trouer le front de son bec de rapace, Je ne peux pas me sauver ma guitare m'en empêche Encore, est-ce qu'il ne va jamais s'arrêter, Mais qu'est ce qu'il trame encore ce microphone Maintenant il joue le siège consacré, Mais je ne suis pas un saint et lui n'éclaire personne Les mélodies sont simples comme de l'eau Mais si je trébuche, si je m'égare, si je balance Implacable et raire, l'ombre du micro   Me transperce les joues comme une lance Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever

Du même artiste :

empty heart empty heart Bm, G, F#
empty heart empty heart Am, Em, B7, E7
empty heart empty heart Dm, Gm, F, A, Gm7, C, E
empty heart empty heart Am, E, A, Dm
empty heart empty heart Am, Dm, G, E
empty heart empty heart Em, Am, D7, G, B, Em7
La chanson évoque le stress et la pression qui pèsent sur un artiste lorsqu'il se retrouve sur scène, face à un public et au micro. Le chanteur se sent à la fois exposé et vulnérable, confronté à son propre doute et à la peur de l'échec. Chaque note, chaque mot doit être parfait, car le moindre faux pas pourrait le faire tomber dans l'oubli, comme une proie face à un prédateur. L’atmosphère est celle d’une performance qui devient une lutte, où le chanteur se voit piégé par les lumières et le regard des spectateurs. Le micro apparaît presque comme un adversaire, exigeant et implacable, ajoutant à la tension de l'interprétation. C'est un combat intérieur, où l'artiste doit puiser dans ses ressources malgré l'angoisse qui menace de le submerger.