Le chanteur devant le micro

Vladimir Vysotsky

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En pleine lumière livré à tous les yeux J'ai tout de suite retrouvé l'habituelle procédure Face au micro, planté comme face à Dieu   Non, non, je suis comme acculé contre un mur Et ce micro là ne peut vraiment pas me saquer D'accord ma voix n'est peut-être pas si bien que ça Si je me ramasse, si je chante comme un pied, Ça va ce savoir, c'est pour ça qu'il est là Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever Ce soir c'est vrai, je suis pas mal enroué Il n'est pas question de moduler mes accords Un seul faux pas, un écart mal joué   Et il va m'envoyer paître dans le décor Ces bêtes là c'est plus fin qu'un cimeterre Parfaite et absolue, son oreille guette ma voix Tant pis si je suis crevé, le moral à terre Si je ne chante pas juste, on entendra que ça Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever Le cou si fin de ce sale micro Porte une tête de serpent à poison Si je me tais, il m'enverra les crocs Et je dois chanter à en cracher mes poumons Couche-toi là, ne bouge pas, tiens-toi droit J'ai bu ton dard, on se connaît déjà Toi t'es une vipère et je suis là pour toi Je ne suis pas chanteur, je charme le cobra Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever L'oiseau de proie affamé et vorace Il picore dans ma bouche les notes qu'il y pêche Il va me trouer le front de son bec de rapace, Je ne peux pas me sauver ma guitare m'en empêche Encore, est-ce qu'il ne va jamais s'arrêter, Mais qu'est ce qu'il trame encore ce microphone Maintenant il joue le siège consacré, Mais je ne suis pas un saint et lui n'éclaire personne Les mélodies sont simples comme de l'eau Mais si je trébuche, si je m'égare, si je balance Implacable et raire, l'ombre du micro   Me transperce les joues comme une lance Les feux braqués sur moi m'aveugle et frappent Les lampes m'emprisonnent dans leur trappe Les projecteurs m'écrasent à en brûler, Je vais crever, crever, crever

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empty heart empty heart Bm, G, F#
empty heart empty heart Am, Dm, G, E
La chanson évoque les pressions et le stress auxquels fait face un interprète sur scène, confronté à un public exigeant. Le chanteur se sent observé et jugé, comme s'il était en lutte contre un adversaire intransigeant, symbolisé par le microphone. Malgré son malaise et son appréhension, il doit se produire et donner le meilleur de lui-même, conscient que le moindre faux pas pourrait être impitoyablement châtié. Le contexte semble refléter la réalité du monde de la musique, où la performance est souvent une épreuve, accentuée par l'exposition devant les projecteurs. Cela souligne la fragilité de l'artiste, partagé entre son désir de plaire et la peur de l'échec, tout en utilisant des métaphores puissantes pour illustrer cette lutte intérieure.