Ma Chinoise
Victor Soulaire
De Pontoise, je partis un beau jour A mes parents, je dis:" Au revoir! Car je m'en vais en Chine Patrie des mandarines" Mais, au bout de six mois, je devins fou D'une jolie fille de Tsimangfou Ah! je dis à la gamine: "Viens en France, mon bijou! Demain, partons si tu veux!" Puis, le lui chantais joyeux: "Ma chichi, ma chinoise Viens jusqu'à Pontoise! Tu verras, mon pays, c'est proche de Paris Ma mimi, ma mignonne Je veux te rendre polissonne Car les Français, oui mon bébé, Ont des petits talents cachés". Tous les deux, l'on s'embarqua presto Ma chinoise avait le coeur bien gros En consolant la belle, Je l'avais plus gros qu'elle Sur le pont, lorsque je l'embrassais, Doucement, elle me repoussait Alors, la voyant rebelle Tendrement, je lui disais: "Moi, qui reviens de l'Occident Près de toi, je suis au levant". "Ma chichi, ma chinoise Tu seras ma bourgeoise Devant les Indes, nous voilà Pondichéry, Calaito Laisse ma main qui s'exerce! Nous sommes près de la Perse N'attendons pas, bien mon chinchin Dans la mer rouge, ça m'dirait rien" En France, on se maria bientôt Et, le soir de la noce, dans le dodo, Ma femme, la mâtine, Me dit d'une voix câline: "Depuis que je t'embrasse, mon loulou, Ça me fait drôle, mais drôle comme tout Car tous les hommes en Chine Ont une natte sur le cou" A ces mots, je restais coi Et je répondis narquois: "Ma chichi, ma chinoise Faut pas me chercher noise Si le gens de ton pays Ont une natte, ma fois tant pis Ma mimi, ma mignonne, Si cela t'étonne Je n'ai pas de natte comme un Chinois Mais j'ai autre chose et c'est pour toi".