Les marteaux de Camille

Véronique Pestel

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A partir de 00:43 (A 2 temps): Le bruit, que fait la terre, s'est tu entre les murs D'un opéra de pierre où les ombres murmurent                   Le nom d'une enfant, folle des glaises des marais,             Qui chuta, en plein vol, d'un coup de vent mauvais La fille au masque en plâtre recluse dans l'asile Revoit, au feu de l'âtre, son passé qui défile La femme minérale,  étouffée par sa pieuvre, Jette un oeil abyssal aux lambeaux de son oeuvre   (A 3 temps): Souvenirs bien réels dans une tête en vrille L'oeil fermé de Camille berce encore Claudel (A 2 temps): C'est un oeil immédiat qui commande à la main Tirant Clotho-La-Parque des gravats du néant C'est l'enfance de l'art dans un geste serein Qui imprime sa marque à la face du géant C'est l'art à bras-le-corps, la fusion de  la pierre Prenant vie dans le feu ; l'incendie innocent Dans une tête d'or qui fait jouir la matière... C'est la vie comme un jeu dans un buste d'enfant    (A 3 temps): Souvenir qui s'habille du geste des rebelles L'oeil ouvert de Camille accouche de Claudel (A 2 temps): C'est l'âme vagissant dans un vagin d'argile A qui marteau criant donne forme docile C'est, sous la main experte, le baiser de la vie Et, des marbres inertes, une valse a surgi Et c'est l'amour qui vient aux Portes de l'Enfer Quand un soleil sanglant gicle dans les artères D'une Icare féminine, découvreuse riante, Raconteuse divine du secret des amants   (A 3 temps): Souvenir permanent de la lune de miel L'oeil précis du présent est cloué en plein ciel (A 2 temps): Mais l'amour entrevu, mais l'amour découvert Et puis l'amour perdu, et puis le coeur ouvert Mais l'Auguste envolé... mais l'amour toujours là Au ventre empoisonné d'une Sakoûntala La naufragée en l'île douc'ment  se désagrège Se noie dans son argile, violette dans la neige Et le siècle aux lorgnons des salons dix-neuvième Murmure son prénom en discrets anathèmes   (A 3 temps): Souvenirs de la chair en lambeaux-septième-ciel L'oeil brûlé de la terre s'éloigne du soleil (A 2 temps): Dans l'atelier désert du sexe abandonné On maudit le statuaire ; on brise le passé L'Auguste dépassé retourne vers sa Rose Aux ragoûts des lauriers et leurs parfums moroses Sur l'autel des Beaux-Arts, les embryons  morts-nés Tous les fruits du hasard en paquets ficelés Laissent l'ange du deuil déposer ses offrandes... Saturne mange son oeil pour que quelqu'un l'entende   A 3 temps : Presque plus de souvenirs, encore moins d'avenir L'oeil mi-clos des familles va recourir au pire (A 2 temps): La panique étouffante, le bon droit des familles Ont raison de l'infante et séquestrent Camille Le consul de Hambourg (et poète à ses heures) La condamne en un jour aux poubelles du malheur Au plus profond d'un trou pour taire le scandale En un seul tour d'écrou le silence l'avale Aux froids de Montdevergue, le temps s'est arrêté La folie à la vergue ! Et la toile est tissée... Voici venu l'hiver du déracinement, Des démons racoleurs du découragement Tous les jours, loin du ciel là où plus rien ne brille C'est l'ange Gabriel qui fera à la fille, Prisonnière sans ailes, l'annonce faite à Camille, Mademoiselle Claudel, poupée de pacotille Pour qui la vie s'habille de regrets éternels         (A 3 temps): Petit Paul se fait sourd aux lettres de l'exil Aux cris de ses doigts gourds griffant un mur d'asile Plus du tout de mémoire, rien qu'un présent figé L'oeil se ferme à l'espoir comme un œuf congelé... (Instrumental) :                                   (A 2 temps): La courtisane en deuil, immobile ouragan, Attendra qu'on l'accueille pendant plus de trente ans Vieux jade replié sur le seuil d'une porte Un souffle suppliant qu'enfin la mort l'emporte... Mais la mort l'oublia au fond  de son placard Et le vide envahit l'héritière d'Icare Et l'Auguste penseur assis dans son château Plus jamais ne put fuir le regard du cachot... (A 3 temps): C'est Caïn et Abel toujours recommencé C'est la statue de sel des amours pétrifiées C'est la douleur sans mots au fond d'un oeil de verre C'est une plaie ouverte qu'on ne peut refermer C'est la grande matrice des mémoires excisées C'est la raison pieds nus qui marche sur du verre (A 2 temps): Le regard de Camille, oeil voilé, oeil absent C'est la nuit qui s'habille d'un bleu sombre et violent Le regard de Claudel, oeil violé, oeil dolent, C'est la nuit qui s'attelle au dernier monument   (A 3 temps):   Aux éblouissements                d'une pierre irréelle       Aux cris assourdissants      de ses marteaux   Rebelles.                                                

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empty heart empty heart Db, C7, Fm, Bbm, Ebm
empty heart empty heart C7, F6, Bb, C, F, C9, Ab, Eb7, Ab6, G7, A7, Dm, B7, D7, G7/B, C7/Bb, F/A, Db
empty heart empty heart Bb, F, D7, G7, C7, E, Eb, D, Db, C, F6
La chanson évoque la lutte intérieure d’une artiste, en proie à ses souvenirs et aux défis de la création. Elle illustre la vie tumultueuse de Camille, une femme marquée par des épreuves, qui se débat entre son passé et ses aspirations. On ressent une profonde mélancolie face à sa solitude, son génie artistique et les injustices qu'elle subit. Le contexte semble s'inscrire dans une réflexion sur la souffrance causée par le regard de la société sur les femmes créatrices, ainsi que sur les dynamiques complexes entre artistes, comme celles de Camille et de Claudel. L’œuvre aborde thème de l'art, de la passion, mais aussi du désespoir et de la résistance face à l'adversité, tout en plaçant la figure de Camille au cœur de cette tragédie silencieuse.