Troubadour
Stephen Faulkner
Les temps sont durs pour les amours Et c'est une drôle d'époque pour être troubadour. Le royaume s'en va de travers Et les bonnes gens ne sortent guère de leur chaumière. La romance est au gout du jour Et la complaisance de mise à la court. Les bouffons sont millionnaires et les poètes n'ont qu'à se taire. Fragile la flamme, et si facile de vendre son âme. Tant vaut le sable, tant vaut l'honneur quand le diable est preneur. Autant pisser dans un violon, la belle loge au quatorzième balcon. Elle n'se laisse plus compter fleurette, que par des bossus d'opérettes. Les mignons font dans la chanson Et les bardes vont mendiant par les cantons. Les muses restent muettes et les mécènes jouent de la calculette. Fragile la flamme, et si facile de vendre son âme. Tant vaut le sable, tant vaut l'honneur quand le diable est preneur. J'ai chevauché la bête et j'ai couché dans l'oeil de la tempête. J'me suis battu pour mes proches Comme chevalier sans peurs et sans reproches. J'ai tant couru, tant fait la fête que j'ai perdu le sens de ma quête. Je n'ai plus un sous en poche et je n'sais plus pour qui sonne les cloches. Fragile la flamme, et si facile de vendre son âme. Tant vaut le sable, tant vaut l'honneur quand le diable est preneur. Fragile est la flamme.