La tête ailleurs
Stéphane Mondino
j'avais du travail avant j'avais du travail j'avais un emploi du temps accaparent mais j'étais pour la bataille, j'avais l'or et la médaille une femme, un enfant, un cabriolet pour le vague à l'âme j'avais la tête ailleurs j'avais du travail, de mon bureau en écailles je voyais le flot des gens anonymement et c'était juste un détail, un train sur des rails sur le périphérique, dans l'embouteillage pour le vague à l'âme, j'avais la tête ailleurs je suis sous un pont quelque part j'ai des souvenirs, des souvenirs je suis le mendiant, le taulard je cherche un sourire, un avenir il est passé ailleurs j'avais du travail et je tenais les tenailles j'avais une secrétaire, un adultère moi au creux de la bataille j'étais “jardins de Versailles” l'inconnue au chandail, mon cabriolet pour le vague à l'âme j'avais la tête ailleurs j'avais du travail, avant j'avais du travail j'avais un catamaran, la mer et le vent une vie comme un feu de paille, comme une illusion sans faille les gens aimaient mon argent, mon cabriolet pour le vague à l'âme j'avais la tête ailleurs je suis sous un pont quelque part j'ai des souvenirs, des souvenirs je suis le perdant, le taulard je cherche un sourire, un avenir il est passé ailleurs j'avais du travail, avant j'avais du travail mais je suis dehors du temps, anonymement j'ai perdu toutes les batailles, perdu l'or et la médaille la vie doucement m'a cambriolée le froid de la lame m'emmènera ailleurs...