Rue des Balivernes
Stéphane Côté
Intro : L'incident, rue des Balivernes Impliquait ce jour l'homme et le vent Nul n'en a eu vent aux cités modernes À peine a-t-on ouï des bruissements Témoin, un oiseau de nuit en a fait le récit À son chant on l'entend depuis Au printemps des années soudaines Où les jours n'ont pas souci du temps Allait lentement l'homme au coeur en peine Qui cherchait l'issue des tourments La brise, celle d'avant la pluie, effleura son esprit Et l'ennui devint mélodie Au détour des songes le poète est un maître C'est un oiseau qui plonge entre mers et planètes Et si seul, en éponge, à ses rêves il s'entête On l'accuse de mensonge et son âme à se taire se ronge En ce temps de rigueur hautain Le rêve était d'ordre troublant Ainsi nul ne flânait près des fontaines Chacun devait sembler bienséant Cet homme qui traînait à minuit était À ce qu'on dit, de ces fous des rues qui mendient Et en voguant aux marées bohèmes Au souvenir de ses jours enfants Il va lentement à la lune pleine Et rapporte des mots sur fond blanc Des mots et les gens ont ri Peut-on gagner sa vie au crédit des mots qu'on écrit ? Au détour des songes, le poète est un maître C'est un oiseau qui plonge entre mers et planètes Et si seul en éponge, à ses rêves il s'entête On l'accuse de mensonge et son âme à se taire se ronge Passe le temps où de crise en peine On enferma cet incohérent Nul n'en a eu vent aux cités modernes À peine a-t-on ouï son enterrement Un vent d'automne est parti Emportant avec lui l'étourdi au ciel des mots dits Et depuis vont les songes aux nuages, aux tempêtes Sur des oiseaux qui plongent entre mers et planètes Et le coeur en éponge, sur la terre des poètes S'accroche au vent des songes, à la vie qui, légère, s'allonge Un incident rue des Balivernes C'est un verre de vin blanc Qui coule et nous entraîne À ces vers qui rongent, à ces mots, ces poèmes Que jamais rien n'éponge À la vie qui, légère, s'allonge ... ...