Et puis on s'aperçoit
Serge Lama
On arrive tout nu Un matin au portique Parmi tant d'étrangers On est un inconnu On découvre la vie Tout comme une Amérique On a soif d'être vieux Avant d'avoir vécu Et puis, on s'aperçoit Que de partir, ça sert à rien Et puis, on s'aperçoit Que de rester, ça sert à rien Alors on reste Alors on reste, n'importe où On se trouve un matin On est deux, face à face On se trouve un matin Deux dans le même lit On découvre l'amour On lui cède la place Mais il fait la valise Avant qu'on ait compris Et puis, on s'aperçoit Que d'être deux, ça sert à rien Et puis, on s'aperçoit Que d'être seul, ça sert à rien Alors on fait, alors on fait N'importe quoi On rencontre un matin Quelqu'un qui nous ressemble Un qui est étranger Parmi ces étrangers On échange des mots Et quelques verres ensemble À ces instants, on croit Que la vie va changer Et puis, on s'aperçoit Que de parler, ça sert à rien Et puis, on s'aperçoit Que de se taire, ça sert à rien Alors on dit, alors on dit N'importe quoi On se trouve, un matin Tout nu devant sa glace Devant son ombre morte On est presque étranger On se retourne un peu Mais le passé nous glace Et l'on s'étonne alors D'avoir tellement changé Et puis, on s'aperçoit Que le passé, ça sert à rien Et puis, on s'aperçoit Que l'avenir, ça sert à rien, Alors on meurt, alors on meurt N'importe quand