La mère à Titi

Renaud

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Sur la table du salon Qui brille comme un soulier, Y a un joli napp'ron, Et une huîtr'-cendrier. Y'a des des fruits en plastique, Vach'ment bien imités, Dans une coupe en cristal, Vach'ment bien ébrèchée. Sur le mur dans l'entrée, Y'a les cornes de chamois, Pour accrocher les clés, D'la cave où on va pas. Les statuettes africaines, Cotoient sur l'étagère, Les p'tites bestioles en verre, Saloperies vénitiennes. C'est tout p'tit chez la mère à Titi, C'est un peu l'Italie, C'est l'bonheur, la misère et l'ennui, C'est la mort, c'est la vie. Y'a une belle corrida Sur un moche éventail, Posé au d'ssus du sofa, Comme un épouvantail. Sur la dentelle noire, Y'a la mort d'un taureau, Qui a du mal à croire Qu'il est plus sous Franco. Y'a une pauvre vierge Les deux pieds dans la flotte, Qui se couvre de neige, Lorsque tu la gigotes. Le baromètr'crétin Dans l'ancre de marine, Et la photo du chien Tirée d'un magazine. C'est tout p'tit chez la mère à Titi, Mais y'a tout c'que j'te dis, C'te femme-là, si tu la connais pas, T'y crois pas, t'y crois pas. Sur la télé qui trône, Un jour j'ai vu un livre, J'crois qu'c'était "Le Grand Meaulne" Près d'la marmite en cuivre. Dans le porte-journeaux, En rotin tu t'en doutes, Y'a Nous Deux, l'Figaro, L'catalogue d'La Redoute. Pi au bout du couloir, Y'a la piaule de mon pote, Où vivent ses guitares, Son blouson et ses bottes. Sa collec'de B.D. Et au milieu du souk, Le mégot d'un tarpé, Et un vieux New-Look. C'est tout p'tit chez la mère à Titi, Le Titi y s'en foutY m'dis qu'sa vie est toute petite aussi, Et qu'chez lui c'est partout. Quand y parle de s'barrer, Sa mère lui dit qu'il est ouf' Qu'il est même pas marié Qu'ses gonzesses sont des pouff' Et qu'si y s'en allait, Pas question qu'y revienne Avec son linge sale à laver A la fin d'chaque semaine. Alors y reste là, Etouffé mais aimé S'occupe un peu des chats En attendant d'bosser. Y voudrait faire chanteur Sa mère y croit d'ailleurs Vu qu'il a une belle voix Comme avait son papa C'est tout p'tit chez la mère à Titi, C'est un peu l'Italie, C'est l'bonheur, la misère et l'ennui, C'est la mort, c'est la vie.

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La chanson décrit la vie simple et parfois chaotique chez une mère d'un jeune homme. On y découvre un intérieur modeste, chargé de souvenirs et d'objets hétéroclites, qui reflète à la fois la vie quotidienne et les rêves non réalisés de son fils. Les images évoquent à la fois le bonheur et la misère, soulignant le décalage entre les aspirations du fils et la réalité de sa vie de famille. La mère, à travers ses préoccupations et son amour, ancre son fils dans cette existence où il se sent à la fois étouffé et chéri, naviguant entre l’envie de partir et le besoin de rester. Ce tableau intime révèle une vie pleine de contrastes, où l'ennui côtoie les petits bonheurs du quotidien, tout en revisitant les souvenirs d'un passé révolu.