Allô, viens, je m'emmerde
Pierre Louki
Intro :| | (Parlé :) C'était au temps où Georges m'appelait pour me dire : « Allô, viens, je m'emmerde, Si t'as du temps à perdre Viens donc t'emmerder avec moi ! » Cet appel laconique Qui peut sembler comique M'a souvent mis le coeur en joie J'arrivais dare-dare Les occasions sont rares En ces temps de se dérider Et sans geste futile Sans phrases inutiles On s'installait pour s'emmerder Assis, grand bien nous fasse Tous les deux face à face L'emmerdement ne tardait pas Pour s'emmerder de cette Façon, pas de recette Faut savoir faire le premier pas Emmerdés volontaires, On décollait de terre A peine le temps de s'associer Ô détresses à merde Celles et ceux qui s'emmerdent Et ne savent pas l'apprécier L'emmerdement d'élite Provoque d'insolites, D'inclassables comportements Moi, je restais de marbre Mais lui, c'était un arbre Ses branches remuaient en dormant Soudain, sans crier gare Saisissant sa guitare Il arrachait quelques accords Qui restent en moi et grondent, Cicatrices profondes, Et gronderont longtemps encore Il disait : « Je défriche » Je répondais : « Tu triches Moi, quand je m'emmerde, c'est sans C'est sans échappatoire, Sans rien, sans accessoire Moi, je m'emmerde à cent pour cent ! » Alors, dans un sourire Il m'assénait le pire Et le plus beau des compliments : « D'accord, tu es le maître Il faut le reconnaître Pour ce qui est d'l'emmerdement » « Allo, viens, je m'emmerde, Si t'as du temps à perdre... » Non, je n'ai pas perdu mon temps Ces soirées casanières Sont mes années lumières Et seront mes neiges d'antan La nuit dans le silence Le cafard me relance Mais rien ne peut me décider Sans toi, c'est pas la fête Tout juste si je m'embête J'n'ai plus le coeur à m'emmerder