Margot la ventouse
Paul Meurisse
Intro : Étant une jeune fillette Elle perdit sa fleur virginale Quand elle devint la poulette D'un poseur de chauffage central. Plus tard elle eut l'âme joyeuse Car elle entra à Saint-Louis En qualité de ventouseuse Elle se crut au paradis. C'était son rêve sur la terre D'être une blanche infirmière On l'appelait Margot la ventouse Elle avait des yeux de velours. Elle était p'tite, un peu tartouze Mais elle chantait la nuit le jour. Elle devint un soir l'épouse De Julot l'empereur du faubourg Et zigue dingue dingue dong Et zigue dingue dingue dong On l'appelait Margot la ventou ou se. Julot était un sale apache On lisait tatoué sur son front : "Vive Ravachol et mort au vache" Sur sa fesse gauche : "C't'une opinion" Il n'aimait que l'pognon des autres Il portait un chapeau melon Son œil gauche disait merde à l'autre C'était un drôle de miroton. Un soir il dit à Marguerite : "Sur le trottoir travaille de suite" On l'appelait Margot la ventouse Elle avait des yeux de velours. Elle était p'tite, un peu tartouze Mais elle chantait la nuit le jour. Ses deux yeux comme deux ventouses Attiraient les clients du faubourg Et zigue dingue dingue dong Et zigue dingue dingue dong On l'appelait Margot la ventou ou se. Dès lors finit la vie tranquille Adieu ventouses alcool camphrée Le soir dans les rues de la grande ville Elle descend pour s'expliquer Elle a pris froid c'est une bronchite A Saint-Louis elle est transportée On lui pose des ventouses ; la p'tite Voir revenir tout son passé. D'une voix mourante elle fredonne Cette chanson Dieu lui pardonne On m'appelait Margot la ventouse J'avais deux grands yeux de velours J'étais petite un peu tartouze Mais je chantais la nuit le jour J'maudit l'jour où je devins l'épouse De Julot l'empereur du faubourg Et zigue dingue dingue dong Et zigue dingue dingue dong On l'appelait Margot la ventou ou se.