Le souvenir
Nana Mouskouri
Le souvenir tout comme une berceuse a noué le fil d'or des années d'autrefois; quand je traînais dehors mon âme paresseuse et sans craindre le chaud ni le froid. Le souvenir en moi tisse sa laine et je vois des soleils et des arbres tout verts. Tout est pourtant pareil mais j'ai comme une chaîne qui me rattache aux choses d'hier. Le souvenir est un tissu fragile et j'ai cousu depuis sur ses étoiles d'or; tant de jours et de nuits auront cherché cette île où l'enfance m'attend comme un port. Le souvenir a des phrases muettes et quelquefois le soir elles se taisent pour moi. Pareils à des cauchemars palpitent dans ma tête les morceaux de rêves d'autrefois. Mon avenir au cadran de ma montre écrit ses lettres d'or et me vole mes joies. Je ne vis plus dehors et ceux que je rencontre me demandent un peu plus chaque fois.