La vieille
Michel Sardou
Intro : Elle a des c'rises sur son chapeau, la vieille. Elle se fait croire que c'est l'été. Au soleil, on s'sent rassuré. Il paraît qu'la dam'à la faux, C'est l'hiver qu'elle fait son boulot. C'est pas qu'elle tienne tant à la vie Mais les vieilles, ça a des manies Ça aime son fauteuil et son lit, Mêm'si le monde s'arrêt'ici. Elle a la têt'comme un placard, la vieille, Et des souvenirs bien rangés, Comm'ses draps, ses taies d'oreillers. Son tout premier carnet de bal, Du temps où la valse, c'était mal, Un p'tit morceau de voile blanc, Du temps où l'on s'mariait enfant, De son feu héros, un'croix d'guerre De l'avant-dernière, dernière guerre. Elle a des c'rises sur son chapeau, la vieille. Elle se fait croire que c'est l'été. Elle ne fait plus partie du temps. Elle a cent ans, elle a mille ans. Elle est pliée, elle est froissée Comm'un journal du temps passé. Elle a sa famille en photos, la vieille. Sur le buffet, ils sont en rangs Et ça sourit de tout's ses dents. Y a les p'tits enfants des enfants Et les enfants des p'tits enfants. Y a ceux qui viendraient bien des fois Mais qui n'ont pas d'auto pour ça, Ceux qui ont pas l'temps, qu'habitent pas là, Puis y a les autr's qui n'y pensent pas. Elle a des c'rises sur son chapeau, la vieille. Elle veut s'faire croire que c'est l'été. Elle a des cerises sur son chapeau, la vieille. Elle se fait croire que c'est l'été. Finale :