Chanson à Frédéric
Michel Forestié
Debout, la main posée Sur le bois blanc du lit, A l'heure où la rosée Vient rafraîchir la nuit, Tu t'éveilles et souris, Précédant la lumière. Ton compagnon de nuit Te rend un peu plus fier. Dans la chambre encore noire Tes quenottes de lait, Comme des perles rares Montrent, s'il le fallait, Que ta bouche est bien belle Au milieu du minois Q'un beau matin le ciel Posa sous notre toit. Petit poisson, mon Frédéric Mon fils, mon amour, mon jumeau, Notre vie, mon Amérique, Que le monde me paraît beau ! Quand s'ouvrent les volets Tu salues les oiseaux. Ils savent que tu sais Leur chant et tous les mots Qu'ils siffleront pour toi Au chaud pays des dieux Où ce matin de mars Tu as ouvert les yeux. Tout au fond de tes yeux Brille la certitude. Tu veux ce que tu veux, Tes colères sont rudes. Mais à compter tes larmes Quand l'orage s'éloigne On te devine une âme Grande comme une montagne. Petit poisson, mon Frédéric Mon fils, mon amour, mon jumeau, Notre vie, mon Amérique, Que le monde me paraît beau ! Déjà, tu sais chanter, Ou fredonner plutôt Les airs de la télé Quand tu les trouves beaux, Et sur le piano droit Trois notes de musique S'envolent sous tes doigts Et tout devient magique. Assis comme un héros, Au vent tes mèches blondes, Sur ma vieille moto Tu découvres le monde. Les yeux sur l'horizon, Deja tu t'imagines Descendre les vallons, Remonter les collines. Petit poisson, mon Frédéric Mon fils, mon amour, mon jumeau, Notre vie, mon Amérique, Que le monde me paraît beau ! Tu as tout eu de moi Physiquement parlant, Mais dans ton coeur je vois Celui de ta maman Sans qui je n'aurais pas Connu mon Amérique : La joie d'être papa D'un petit Frédéric. Petit poisson, sa musique Son fils, son amour, son tout beau, Sa vie, notre Amérique, Que le monde nous paraît beau !