La ballade des marguerites
Maxime Le Forestier
J'ai connu le temps où coulent les enfances Tout doucement, au début de la vie. Le temps de l'école, le temps de l'innocence Et du chagrin, et du bonheur aussi. J'ai laissé passer le temps qui va trop vite. Si j'ai tout vu pendant quelques années Je n'ai pas connu le temps des marguerites. Feuillues sont nées, feuillues se sont fanées. Puis est arrivé le temps de mes ivresses De mes alcools aux mauvais souvenirs Et les yeux gonflés, le temps de la paresse Où l'on se tue à force de dormir Et je suis resté, en attendant la suite Dans une vie de vide enrubannée. Je n'ai pas connu le temps des marguerites. Feuillues sont nées, feuillues se sont fanées. J'ai connu le temps de la désespérance Où l'on s'enlise un peu plus chaque jour Où, les yeux ouverts, on n'attend de la chance Plus que la mort si ne vient pas l'amour. Si, dans l'avenir, on vante mes mérites Ne croyez pas ce que les gens diront. Je n'ai pas connu le temps des marguerites. Feuillues naîtront, feuillues se faneront.