Paysage perdu

Marie Cherrier

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| | | | J'allais squatter l'fond d'un jardin Un p'tit bout d'terre où y avait rien Rien qu'un p'tit arbre pour se percher Et d'l'herbe, si tu v'nais à tomber Moi, mon éden il était là Dans c'bout d'terrain avec mon chat Et les fourmis qu'j'apprivoisais Près du ruisseau où j'naviguais Bon vieux temps C'tait avant la guerre Après la misère Le long des torrents Bon vieux temps Celui des bouillottes Et de la compote Des grands-mères d'antan Le monde c'était d'la poésie L'odeur et l'beurre de mon biscuit Pieds-nus sur la terre sèche Enflammée par des bruits de bêche J'me laissais entraîner, j'dansais J'tournais et mes ch'veux s'emmêlaient Mon visage fouetté par le vent Rendait grâce à mon élan Bon vieux temps C'tait avant la guerre Après la misère Le long des torrents Bon vieux temps Celui des bouillottes Et de la compote Des grands-mères d'antan 'Vec l'insouciance d'une écolière Ma seule peur c'tait que ma mère Réussisse à m'prendre en otage Si dehors y avait l'orage Moi, j'm'en allais rejoindre Jeannot P'tit ramoneur aux noirs sabots Qui savait m'donner d'la lumière Malgré la suie de sa chaumière Bon vieux temps C'tait avant la guerre Après la misère Le long des torrents Bon vieux temps Celui des bouillottes Et de la compote Des grands-mères d'antan La gloire de mon père, c'était nous Morveux, toujours des bleus aux g'noux L'château d'ma mère, y en n'avait pas Mais tant d'étoiles ça f'sait un toit J'étais une enfant du marais Manon des sources et d'la forêt Le savoir-faire de Raboliot J'narguais le monde sur mon vélo Bon vieux temps C'tait avant la guerre Après la misère Le long des torrents Bon vieux temps Celui des bouillottes Et de la compote Des grands-mères d'antan Vieux tablier raccommodé Quignon de pain bien apprécié Mon ramoneur aux ongles noirs S'sont tous évaporés ce soir J'vais pas chanter la vérité Ca s'rait noircir mon riz-au-lait Ca s'rait salir mon histoire Fustiger l'air de ma guitare Ca s'rait saler l'heure du goûter Ca s'rait couper l'rire d'un bébé Ca s'rait enl'ver toute la mousse Au chocolat de sa frimousse Ca s'rait m'planter une télé Dans mon décor préféré Installer un rideau de fer Entre mes bottes et la rivière Bon vieux temps C'tait avant la guerre Après la misère Le long des torrents Bon vieux temps Celui des bouillottes Et de la compote Des grands-mères d'antan

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La chanson évoque des souvenirs d'enfance, un retour nostalgique vers des moments simples et heureux. L’artiste se souvient d'un petit jardin où elle passait des heures à explorer, entourée de la nature, de son chat et des quatre saisons. Elle parle de l'insouciance de son enfance, des joies simples comme les bouillottes et les goûters faits maison, tout en faisant référence à une période de paix avant que les troubles du monde viennent tout assombrir. Le contexte de cette chanson semble faire allusion à une époque particulière, marquée par une guerre et des difficultés qui l'ont précédée, créant un contraste avec les plaisirs simples et les éclats de rire d'autrefois. L'artiste rend hommage à ces moments idéalisés, où la vie semblait être empreinte de poésie et de douceur, à l’abri des tumultes extérieurs.