Le feu
Marc Ogeret
Mon dieu, mon Dieu, cela ne s'éteint pas Toute ma forêt, je suis là qui brûle J'avais pris ce feu pour le crépuscule Je croyais mon coeur à son dernier pas. J'attendais toujours le jour d'être cendre Je lisais vieillir où brise l'osier Je guettais l'instant d'après le brasier J'écoutais le chant des cendres, descendre. J'étais du couteau, de l'âge égorgé Je portais mes doigts où vivre me saigne Mesurant ainsi la fin de mon règne Le peu qu'il me reste et le rien que j'ai. Mais puisqu'il faut bien que douleur s'achève Parfois j'y prenais mon contentement Pariant sur l'ombre et sur le moment Où la porte ouvrant, déchire le rêve. Mais j'ai beau vouloir en avoir fini Chercher dans ce corps l'alarme et l'alerte L'absence et la nuit, l'abîme et la perte J'en porte dans moi le profond déni. Il s'y lève un vent qui tient du prodige L'approche de toi qui me fait printemps Je n'ai jamais eu de ma vie autant Même entre tes bras, aujourd'hui vertiges. Le souffrir d'aimer flamme perpétue En moi l'incendie étend ses ravages A rien n'a servi, ni le temps, ni l'âge Mon âme, mon âme, où m'entraîne-tu ? Où m'entraîne-tu ?