La liberté des nègres
Marc Ogeret
Le saviez-vous, Républicains, Quel sort était celui du nègre, Qu'à son rang, parmi les humains Un sage décret réintègre ? Il était esclave en naissant, Puni de mort, pour un seul ges_ _ _ _ este On vendait jusqu'à son enfant. Le sucre était teint de son sang, Daignez m'épargner tout le res_es_te ! Daignez m'épargner tout le res_es_te ! De vrais bourreaux, altérés d'or, Promettant d'alléger ses chaînes, Faisaient, pour les serrer encore, Des tentatives inhumaines. Mais, contre leurs complots pervers, C'est la nature qui proteste Et deux peuples, brisant leurs fers, Ont, malgré la distance des mers, Fini par s'entendre de reste. (bis) Qu'ont dit les députés des noirs A notre Sénat respectable, Quand ils ont eu de leurs pouvoirs Donné la preuve indubitable : Nous n'avons plus de poudre, hélas ! Mais nous brûlons d'un feu céleste, Aidez nos trois cent mille bras, A conserver dans nos climats, Un bien plus cher que tout le reste. (bis) Quand, dans votre sol échauffé, Il leur a semblé bon de naître, La canne à sucre et le café N'ont choisi ni gérant, ni maître. Cette mine est dans votre champ, Nul aujourd'hui ne le conteste, Plus vous peinez en l'exploitant, Plus il est juste, assurément, Que le produit net vous en reste ! (bis) Américains, l'égalité Vous proclame aujourd'hui nos frères Vous aviez à la liberté Les mêmes droits héréditaires. Vous êtes noirs, mais le bon sens Repousse un préjugé funeste Seriez-vous moins intéressants, Aux yeux des républicains blancs ? La couleur tombe, et l'homme reste ! (bis)