Des pieds et des mains
Lynda Lemay
J'ai bien fait des pieds et des mains, pour éviter qu'au petit matin, sans exception depuis des mois, tu ne te lèves de ce pied-là. Ce matin c'est un pied dans la bouche et c'est les deux mains dans les couches, que je t'ai vu mettre le pied dehors. Pendant des heures, j'ai fait le pied de grue, avec mon coeur gros sur la main et de pied ferme, j'ai attendu que tu reviennes, mais en vain. Ce soir au pied de l'escalier, je n'ai vu venir que la brunante. C'est dur de monter me coucher sans te tenir la main courante. Cette main que tu t'es faite sur moi, mets-la au cul de qui tu voudras. Maintenant ton pied que tu le prennes ou pas, je m'en lave les mains. Même celle des deux que tu as demandée, comme un gentleman à mon père, je m'en vais me la savonner jusqu'à me libérer l'annulaire. Faut que je prenne mon courage à deux mains et que je retombe sur mes pieds, puisque c'est clair que tu as levé les tiens et que tu te les es pris quelquepart. Tu as sûrement sauté à pieds joints dans le premier lit d'occasion et tu as sûrement bien en main, la situation. Ton piedestal a basculé et tu t'en sort avec rien. Oui c'est à moi que ça casse les pieds, à moi que ça fait du chagrin d'imaginer la cendrillon qu'a trouvé chaussure à son pied en choisissant comme chausson, l'homme de seconde main que tu es. Je mettrais bien ma main au feu que tu mets déjà la tienne aux fesses et au reste du corps pulpeux de ta princesse. Cette main dans laquelle je mangeais, jusqu'à ce matin avant que tu partes, alors qu'à tes pieds je dansais, je ne sais plus sur quel pied de guerre. Je mettrais ma main à couper que ta main de maître a pris maîtresse, une qui t'offre au pied levé, un pied à terre. Une aux mains douces qui te fait un impeccable noeud de cravate, pendant que la main sous le robinet, moi je me libère ... l'annulaire !