Le Piano du pauvre

Léo Ferré

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Le piano du pauvre  Se noue autour du cou   La chanson guimau-ve  Toscanini s’en fout  Mais il est pas chien  Et le lui rend bien  Il est éclec  ti  que  Sonate ou java Concerto polka  Il aim’ la musi que Le piano du pauvre  C’est l’ Chopin du printemps Sous le soleil mau-ve  Des lilas de Nogent  Il roucoule un brin  A ceux qui s’ plais’nt bien  Et fait des avan    ces  Ravel ou machin C’est déjà la fin  Mais v’là qu’y r’commence Le piano du pauvre  Se noue autour des reins Sa chanson guimau-ve  Ça va toujours très loin  Car il n’est pas chien  Toujours il y r’vient  Il a la pra ti que  C’est pour ça d’ailleurs Qu’ les histoir’s de coeur  Finiss’nt en musi   que Le piano du pauvre  C’est pas qu’il est voyou La chanson guimau-ve  On en prend tous un coup  Car on n’est pas chien  On a les moyens  Et le coeur qui plisse  Quand Paderewsky Tir’ de son étui  L’instrument d’ service Le piano du pauvre  N’a pas fini d’ jacter Sous le regard fau-ve  Des rupins du quartier  Pendant qu’ les barbus  Du vieil Institut  Posent leurs bési   cles  Pour entendre au loin Le piano moulin  Qui leur fait l’article Le piano du pauvre  Dans sa boîte à bobards S’ tape un air guimau-ve  En s’ prenant pour Mozart  S’il a l’air grognon  Et joue sans façons  Des javas perver ses  C’est qu’il est pas chien Et puis qu’il faut bien  Fair’ marcher l’ Commer   ce

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La chanson évoque l'idée d'un piano qui appartient aux modestes, un instrument symbolique qui représente la musique populaire et accessible à tous. Elle parle d'un sentiment de joie et de nostalgie, où chaque note devient une conversation, un moyen d'expression qui transcende les classes sociales. La mélodie, bien que simple et un peu guimauve, porte en elle une profondeur, une légèreté qui rappelle des moments de bonheur partagé. Le contexte de la chanson reflète une époque où la musique était un véritable trait d’union, un lien entre les gens de différents horizons. On ressent dans les paroles l'absence des préoccupations matérielles, une sorte de célébration de la vie et de l'amour pour la musique, peu importe sa finesse ou sa popularité. L'art devient alors un espace où chacun peut se retrouver, tout en jouant avec les clichés et les stéréotypes de la haute culture musicale.