Graine d'ananar

Léo Ferré

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La vie m’a doublé  C’est pas régulier  Pour un pauv’lézard  Qui vit par hasard Dans la société   Mais la société  Faut pas s’en mêler J’suis un type à part  Un’grain’d’ananar On m’dit qu’j’ai poussé  En d’ssous d’un gibet  Où mon grand-papa  Balançait déjà Avec un collier   Un collier tressé  De chanvre il était Un foutu foulard  A gueul’d’ananar J’avais des copains  Qui mangeaient mon pain  Car le pain c’est fait  Pour êtr’partagé Dans notr’société C’est pas moi qui l’dis  Mais c’est Jésus-Christ Un foutu bavard  A gueul’d’ananar Si j’avais des sous  On m’d’manderait : « Où  Les as-tu gagnés  Sans avoir trimé Pour la société ? » Mais comm’j’en ai pas  Faut lui dir’pourquoi C’est jamais peinard  La grain’d’ananar On m’dit qu’c’est fini  J’vous l’dit comme on l’dit  Et qu’on me pendra  Au nom de la loi Et d’la société   D’la bell’société  Qui s’met à s’mêler De mettre au rancart  La grain’d’ananar Potence d’oubli  L’oiseau fait son nid  Messieurs les corbeaux  Passeront ma peau Comme à l’étamis Mais auparavant  J’aurai comm’le vent Semé quelque part  Ma grain’d’ananar

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La chanson évoque la vie d'un homme qui se sent marginalisé, vivant en décalage avec la société qui l'entoure. Il se décrit comme un être qui a grandi dans un environnement difficile, influencé par l'héritage familial et confronté à l'injustice sociale. Il partage une vision du monde où le partage et la solidarité entre les gens sont essentiels, bien que le regard de la société semble condamner ceux qui ne se conforment pas aux normes établies. À travers son récit, il souligne l'absurdité des règles qui le frappent, en faisant référence à Jésus comme une voix de sagesse parmi ceux qui l'entourent. À la fin, il se résigne à l'idée de l'oubli, mais il espère néanmoins laisser une trace, illustrée par cette métaphore de la "graine d'ananas". Cette œuvre fait écho à des luttes de classes, à des inégalités persistantes et à une critique sociale importante. Le contexte pourrait s'imaginer dans une époque où les opprimés commencent à s'élever contre les injustices qui les entourent, mais le ton reste empreint d'une sorte de mélancolie, mêlant à la fois humour et tragédie.