Transhumance
Laurent Berger
Voilà que l'on arrête les horloges de Lyon Et qu'entre Saône et Rhône, la course s'interrompt Le chômage s'empare des mains des musiciens Le peuple des chanteurs enterre l'un des siens Est-ce de n'avoir plus ce même métronome Qui rend belle l'ivresse dans le coeur des hommes Chacun met ses entrailles dans les pas d'un copain Le peuple des chanteurs enterre l'un des siens Alors à l'unisson à même résonance Ils vont à l'abandon comme autant de semences Si pour la première fois ils sont restés sans voix Copains comme chansons chacun porte sa croix Tout au travers des rues qu'ils connaissaient si bien Le peuple des chanteurs enterre l'un des siens Et moi je tords mes mots fébrile et dérisoire Pour faire de ce drame une petite histoire Comme on s'adresserait à quelques orphelins Le peuple des chanteurs enterre l'un des siens Alors à l'unisson à même résonance Ils n'ont d'autre saison que cette transhumance Va petit peuple va chorale de chagrin Car celui qui s'en va n'a pas vécu pour rien