Épouse d'un grand homme, L
Laurent Berger
J'aurais voulu être L'épouse d'un grand homme La femme du paraître L'objet d'un décorum Le sourire à la bouche Et l'œil de velours Jouer la sainte nitouche Mais provoquer l'amour J'aurais voulu être Le fantasme de ceux Qui convoitent mon maître Pour m'approcher un peu Celle qu'on ambitionne De s'offrir en passade Derrière les colonnes Au cœur d'une ambassade L'élégance gracile Qui comblerait d'audace Le moindre baise-en-ville Et l'hôtel de passe Pour l'homme et son épouse N'être qu'une obsession La suspicion jalouse Et l'orgueil félon Et regarder de haut Ceux qui guignent mes bas Voulant croire au cadeau D'un possible repas Ah j'aurais bien voulu Au sein de l'assistance Jeter mon dévolu Sur un sans importance Et le faire mariner Dans son rôle d'élu Le laisser s'approcher Chaque soir un peu plus Affûtant ses ergots Et crânant comme un mâle Dédaignant les ragots Sûr d'atteindre son Graal Tout beau, tout chaud, tout con Qu'il ose enfin sa chance Lui répondre : " Pardon Mais qu'elle est cette offense ? " Et le voir s'enfuir Au milieu du sérail D'où fuseraient les rires De la noble volaille Une vraie pute en somme Seule reine du jeu Qui fait baver les hommes Mais se refuse à eux ! Une authentique garce Qui s'offre à loisir Le dindon et la farce Comme autant de plaisir J'aurais voulu être L'épouse d'un grand homme La femme du paraître L'objet d'un décorum Le sourire à la bouche Et l'œil de velours Jouer la sainte nitouche Mais provoquer l'amour Oui provoquer l'amour Ah provoquer l'amour