Les jardins à la française

Joël Favreau

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Il y a dans les jardins à la française Des pelouses bien tondues, des allées ratissées,   Le civilisé s'y promène à l'aise Les arbres sont ronds et les buissons carrés. Si une brindille subversive S'avisait de pousser au petit bonheur Volant au secours de la sainte perspective Surgit une armée de sécateurs        Dans ce beau royaume géométrique Où rien de sauvage ne peut jamais pénétrer L'homme oublie ses craintes métaphysiques Protégé de grilles aux pointes dorées. Il espère ainsi abuser la nature Et peut-être même échapper à sa loi Et l'air important, il se livre à la culture Des majuscules et des angles droits Aux kiosques des jardins à la française Les musiciens ne jouent que le petit doigt levé Des menuets et des polonaises Qui ne choquent pas l'oreille cultivée. Si une guitare subversive S'avisait de chanter son petit bonheur Volant à l'assaut de l'odieuse tentative Se déchainent les sifflets vengeurs. Il y a dans les jardins à la française Des pelouses bien tondues, des allées ratissées, Le civilisé s'y promène à l'aise Les arbres sont ronds et les buissons carrés.

La chanson évoque avec ironie l'harmonie rigide et artificielle des jardins à la française, où la nature est soigneusement maîtrisée et ordonnée. On y décrit des pelouses impeccablement tondues et des allées parfaites, un monde où l'homme se promène avec assurance, loin des inquiétudes existentielles. Les arbres sont ronds et les buissons carrés, symboles d'une esthétique géométrique qui cherche à éradiquer toute forme de naturel sauvage. Au fil des couplets, on note la présence d'une répression d'éléments non conformes, comme une petite brindille qui oserait pousser à l'improviste, entraînant l'intervention rapide des sécateurs. Cette obsession pour la culture et l'ordre se retrouve également dans la musique, dominée par des airs classiques, dispensant un savoir-faire convenu, loin de toute approche audacieuse et authentique. L’ensemble dépeint une tension entre le désir de contrôler la nature et la réalité de son imprévisibilité.