Maria
Jean Rabouin
À peine trois ou quatre printemps Avec des yeux si noirs et si grands Que quand elle pleure on se noie dedans Elle a la voix et le rire si perçants Que tout le monde sourit en l'entendant Elle est le soleil et la lune en même temps Que fais-tu Maria ? Couchée dans l'herbe tu vas prendre froid. À quoi penses-tu Maria ? On ne peut pas toucher le ciel du bout des doigts. Et la vie a tout fait pour elle. Elle l'a rendue de plus en plus belle Même les dieux lui auraient donné des ailles Chevelure de demoiselle, Mignonne dans sa robe de dentelle Elle danse au rythme d'une guitare rebelle Mais que fais-tu Maria ? À ton âge, on ne danse pas comme ça À quoi penses-tu Maria ? Va ! ne reste pas là, rentre chez toi. Mais déjà une main dangereuse Qui tient un verre de tequila Un regard de bête furieuse Sur la tendre chair d'une proie C'est un monsieur très comme il faut N'a jamais fait du mal à personne Dans l'ombre, il ira incognito, ira incognito Quand enfin on l'a retrouvée Dans un grand lit de terre déchirée Et maculée de quelques gouttes de sang séché Même sa mère n'a pas osé la toucher Par crainte de la réveiller, Il ne faut pas qu'elle voie sa robe froissée Mais que fais-tu Maria ? Couchée par terre, tu vas prendre froid À quoi penses-tu Maria ? C'est trop tôt pour toi le ciel, rentre chez toi. Mais que fais-tu Maria ? Couchée par terre, tu vas prendre froid À quoi penses-tu Maria ? C'est trop tôt pour toi le ciel, viens avec moi