J'entends, j'entends
Jean Ferrat
Intro : J'en ai tant vu qui s'en allèrent Ils ne demandaient que du feu Ils se contentaient de si peu Ils avaient si peu de colère J'entends leurs pas; j'entends leurs voix Qui disent des choses banales Comme on en lit sur le journal Comme on en dit le soir chez soi Ce qu'on fait de vous, hommes, femmes O pierre tendre, tôt usée Et vos apparences brisées Vous regarder m'arrache l'âme Les choses vont comme elles vont De temps en temps, la terre tremble Le malheur au malheur ressemble Il est profond, profond, profond Vous voudriez au ciel bleu croire Je le connais ce sentiment J'y crois aussi, moi, par moments Comme l'alouette au miroir J'y crois parfois, je vous l'avoue A n'en pas croire mes oreilles Ah ! Je suis bien votre pareil Ah ! Je suis bien pareil à vous A vous, comme les grains de sable Comme le sang toujours versé Comme les doigts toujours blessés Ah ! Je suis bien votre semblable J'aurais tant voulu vous aider Vous qui semblez autre moi-même Mais les mots qu'au vent noir, je sème Qui sait si vous les entendez Tout se perd et rien ne vous touche Ni mes paroles ni mes mains Et vous passez votre chemin Sans savoir que ce que dit ma bouche Votre enfer est pourtant le mien Nous vivons sous le même règne Et lorsque vous saignez, je saigne Et je meurs dans vos mêmes liens Quelle heure est-il ? Quel temps fait-il ? J'aurais tant aimé cependant Gagner pour vous, pour moi perdant Avoir été peut-être utile C'est un rêve modeste et fou Il aurait mieux valu le taire Vous me mettrez avec en terre Comme une étoile au fond d'un trou