La mouette
Jean-Claude Darnal
(Mesures à 3 temps) (Sifflé et parlé:) J'ai vu, dans son vol blanc et majestueux, une mouette arriver du grand large ; elle s'est posée sur l'eau près de la plage, à côté des rochers. Un peu après, en vain, elle a essayé de repartir en s'agitant désespérément. Alors, je suis allé la ramasser ; ses plumes étaient noires, toutes collées par le mazout. Parfois, le vent léger faisait bouger son aile. Je la tenais serrée, serrée tout contre moi, Tâchant de retenir la vie qui partait d'elle, D'alléger sa souffrance et calmer son effroi. J'ai versé, je l'avoue, dans la mer une larme. Mais qu'est-ce, dans les flots, que le bleu d'un sanglot, Quand gluante est l'écume et quand noires sont les lames, Couvertes du pétrole des soutes d'un cargo ? Oh ! Pauvre mouette, toi qui croyais Près de la terre te reposer ! Il parait qu'autrefois tous les grands capitaines S'en allaient droit au vent au fond de l'océan Mais sont-ils des marins tous ceux-là qui s'en viennent Pour faire mourir la mer et ce qui est dedans ? De ses yeux étonnés de souffrir, mais sans haine, L'oiseau me regardait et ne comprenait pas. Moi, je tournais la tête, et de honte, et de peine, En sentant, dans mes mains, son cœur devenir froid. (Modulation en :) Parfois, le vent léger faisait bouger son aile. Je la tenais serrée, serrée tout contre moi, Tâchant de retenir la vie qui partait d'elle, Et sentant, dans mes mains, son cœur devenir froid.