Je suis mort qui, qui dit mieux

Jacques Higelin

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J'suis mort qui, qui dit mieux Ben mon pauv'vieux, voilà aut'chose J'suis mort qui, qui dit mieux Mort le venin, coupée la rose J'ai perdu mon âme en chemin Qui qui la r'trouve s'la mette aux choses J'ai perdu mon âme en chemin Qui qui la r'trouve la jette aux chiens J'm'avais collé avec une fumelle Ben alors ça c'est la plus belle J'm'avais collé avec une fumelle L'jour où j'ai brûlé mes sabots J'lui avais flanqué un marmot Maint'nant qu'son père est plus d'ce monde L'a poussé ce p'tit crève la faim Faut qu'ma veuve lui trouve un parrain. Elle lui en avait d'jà trouvé un Eh j'ai pas les yeux dans les poches Elle lui en avait d'jà trouvé un Dame faut prévoir, en cas d'besoin C'est lui qui flaquera des taloches A mon p'tiot pour qu'il s'tienne bien droit C'est du joli, moi j'trouve ça moche De cogner sur un plus p'tit qu'soi. Cela dit dans c'putain d'cimetière J'ai perdu mon humeur morose Plus personne jamais ne vient M'emmerder quand je me repose A faire l'amour avec la terre J'ai enfanté des p'tits vers blancs Qui me nettoient, qui me digèrent Qui font leur nid au creux d'mes dents. Arrêtez-moi si je déconne Arrêtez-moi ou passez l'voir Sans violettes, sans pleurs ni couronnes Venez perdre un moment d'cafard J'vous f'rais visiter des cousins Morts à la guerre ou morts de rien L'esprit qui vous cligne de l'oeil Les bras tendus hors du cercueil Aujourd'hui je vous sens bien lasse Ne soyez plus intimidée A mon côté reste une place Ne tient qu'à vous de l'occuper Qu'est-ce que tu as ? Oui le temps passe Et le p'tit va rentrer d'l'école Dis-lui qu'son père à pas eu de bol L'a raté l'train, c'était l'dernier.. Attends un peu ma femme, ma mie Y'a un message pour le garçon J'ai plus ma tête, voilà qu'j'oublie Où j'ai niché l'accordéon P't-être à la cave, p't-être au grenier Je n'aurais de repos qu'il apprenne Mais il est tard, sauve-toi, je t'aime Riez pas du pauvre macchabée. Ceux qu'on jamais croqué d'la veuve Les bordés d'nouilles, les tirs-à-blanc Qu'ont pas gagné une mort toute neuve A la tombola des mutants Peuvent pas savoir ce qui gigote Dans les trous du défunt cerveau Quand sa moitié dépose une botte De roses sur l'chardon du terreau Quand sa moitié dépose une botte De roses sur l'chardon du terreau.

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Cette chanson évoque la mort avec un humour mordant et une légèreté déconcertante. Le narrateur expose sa condition de défunt avec une franchise presque désarmante, nous parlant de sa vie, de ses pertes et de ses regrets. Il esquisse une scène où, bien que mort, il reste attaché à sa famille et à son passé, tout en exprimant un désir de connexion avec ceux qui restent. Le ton est à la fois mélancolique et ironique, plaidant pour une célébration décomplexée de la vie et de la mort. Le contexte de cette chanson peut être vu à travers le prisme d'une réflexion sur le deuil, où le narrateur, malgré son état, interpelle ceux qui l'entourent pour qu'ils n'oublient pas de vivre et d'apprécier les moments, même en sa présence. Cette manière d'aborder la mort, comme une partie intégrante de la vie, rend le message à la fois poignant et accessible. L'auteur utilise des images fortes et un langage familier pour souligner la banalité de la mort, tout en gardant une certaine légèreté.