Il nous faut regarder
Jacques Brel
Derrière la saleté S’étalant devant nous Derrière les yeux plissés Et les visages mous Au-delà de ces mains Ouvertes ou fermées Qui se tendent en vain Ou qui sont poing levé Plus loin que les frontières Qui sont de barbelés Plus loin que la misère Il nous faut regarder. Il nous faut regarder Ce qu’il y a de beau Le ciel gris ou bleuté Les filles au bord de l’eau L’ami qu’on sait fidèle Le soleil de demain Le vol d’une hirondelle Le bateau qui revient L’ami qu’on sait fidèle Le soleil de demain Le vol d’une hirondelle Le bateau qui revient. Par-delà le concert Des sanglots et des pleurs Et des cris de colère Des hommes qui ont peur Par-delà le vacarme Des rues et des chantiers Des sirènes d’alarme Des jurons de charretier Plus fort que les enfants Qui racontent les guerres Et plus fort que les grands Qui nous les ont fait taire... Il nous faut écouter L’oiseau au fond des bois Le murmure de l’été Le sang qui monte en soi Les berceuses des mères Les prières des enfants Et le bruit de la terre Qui s’endort doucement Les berceuses des mères Les prières des enfants Et le bruit de la terre Qui s’endort doucement.