Les chevaux
Jacqueline Dulac
Intro : Tu les prends par le col, tu les prends par le cou Ils ont confiance en toi, ils ont confiance en nous Les chevaux Dans ces pays de brume où dorment les maisons Ils s'en vont sous la pluie, chargés de goémon Les chevaux Comme l'homme attaché, comme l'homme promis On les voit trébucher sous le poids de la vie Les chevaux Et l'automne les emporte entre ses vignes bleues Quand se ferment les portes quand s'allument les feux Les chevaux Compagnons de labours et de mornes saisons Ils sont là dans la cour à l'heure des moissons Les chevaux Ils traversent la ville sans regarder derrière Heureux qu'on leur ait mis, en naissant des œillères Les chevaux Parfois la guerre les prend comme sur les tableaux Ils tombent lourdement les deux pattes dans l'eau Les chevaux Sans avoir eu le temps de comprendre à genoux Ils se font toreros le dimanche à Cordoue Les chevaux Ils sont de tous les temps, de toutes les Histoires Comme nous cependant, comme nous sans m??moire Les chevaux Quand l'âge les surprend, quand c'est bientôt la fin Qu'ils sont frémissants, qu'ils trottent déjà moins Les chevaux Un matin de printemps, un matin de courage Ivre de lilas blanc tu les mène au village Les chevaux Et même dans la cour rouge de tablier Tandis que tu parcours l'ombre de tes souliers Les chevaux Ils baissent un peu la tête, ils penchent un peu le cou Ils ont confiance en toi, ils ont confiance en nous Les chevaux, les chevaux !