Au coeur de mon pays
Hugues Aufray
y'a une grande ferme qui meurt seule au coeur de mon pays La banque a saisi la maison, toutes les terres, la vie Y'a comme un tourbillon dans mon coeur et c'est comme un feu mort Y'a un trou dans mon ciel là où vivait Dieu Y'a une jeune femme qui pleure seule au coeur de mon pays Et le puits de ces larmes est si noir que nul n'y boira Plus jamais la chanson, à sa bouche asséchée, ne fleurira C'est son âme et sa terre que l'on porte au cimetière aujourd'hui Mon rêve américain, Nos lendemains qui chantent Se déchirent dans nos mains Dans ce monde en tourmente C'est une grande terre qui meurt seule au coeur de mon pays L'huissier a vendu le tracteur, la télé, le lit Ce petit paysan qui s'endort au coeur de mon pays Se relèvera demain sur une terre de misère à crédit Mon rêve européen, Nos lendemains qui chantent Se déchirent dans nos mains Dans ce monde en tourmente Y'a ces marins pêcheurs dans le soir qui cherchent un horizon Mais la mer est trop noire, trop amère et le ciel sans pardon Ce vaillant chalutier reste à quai; l'équipage est en rade Bruxelles a sorti ses filets; adieu les barricades! Mon rêve américain pleure encore sur les cendres Renaitra-t'il demain Dans les touffes de septembre Pour fleurir les chemins De ces enfants qui osent Marcher main dans la main Vers le magicien d'Oz y'a ces moissons fauchées dans la nuit au coeur de mon pays C'est le sort de la terre que l'on vend aujourd'hui à bas prix y'a des forêt qui brûlent et qui meurent et sombrent dans l'oubli Mais moi, je rêve encore de printemps au coeur de mon pays