Prière bretonne

Gilles Servat

Transposer:

Ô mon pays vieil os ronge Par les crocs des chiens étrangers Ronge par la denture des vagues Doigt de terre passe dans la bague De l'océan mariage d eau Ô mon pays pauvre mégot D'un hexagone cendrier Pose sur lui comme un faux nez Ô mon pays phallus de roc Sexe bandé hors de son froc La mer t'a pris dans son vagin Au quaternaire d'amour marin Tu passes du mâle au zéro Toi qui décharge dans ta chemise En révolte vite soumise Te voila bœuf toi le taureau... Ô mon pays tu perds ton sang Toutes tes veines sont ouvertes Des parasites bondissants Y boivent leur vie dans ta perte. Les lames roi des bourreaux Ont coupe tes prunelles vertes Sous les tranchants de leurs ciseaux Ta vue s'écoule et te déserte Ô mon pays aux yeux crevés Tu restes dans ta nuit honteuse En brandissant tes mains coupées Tu montres tes orbites creuses Tu tends tes moignons vers Yahweh Tu cries écoutes nos paroles Miséréré nobis domine ! Et dieu dans son ghetto rigole...

Du même artiste :

Cette chanson évoque le désespoir d'un pays marqué par la douleur et la dévastation, où l'identité nationale est gangrenée par des forces extérieures. Elle décrit une terre fatiguée, rongée par les vagues et les maux de la modernité, où chaque métaphore souligne une perte profonde de dignité et de vitalité. Les images puissantes de la nature et de la souffrance humaine se mêlent, illustrant un cri de désespoir qui interpelle la divinité. Dans un contexte plus large, cette œuvre résonne avec le sentiment d'appartenance à un territoire souffrant, ici la Bretagne, qui lutte pour sa survie face à des forces qui l'érodent. On ressent une nostalgie pour un passé glorieux, en opposition à un présent désenchanté, faisant écho aux luttes identitaires de nombreuses régions face à l'uniformisation et aux défis de la mondialisation.