Camion bâché

Gérard Manset

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Camion dans la nuit Camion bâché Comme un ballon lâché D'illusions, d'espoirs Et le sang taché Sangles attachées Ne plus rien vouloir D'une époque à vomir Ne plus rien dire Rouler dans le noir Par les rêves attaqués Sur les bas-côtés Du désespoir Camion dans le noir S'en va ce soir Pour ne plus revenir Sur la banquette arrière De skaï noir Un enfant respire Une fille aux yeux clairs Aux membres fragiles Dort dans un linge Comme une plume d'ange Dans un lange Tombé des cieux Et dans le bruit des essieux Le vacarme d'enfer Du camion de fer Camion dans la nuit Que savez-vous de lui De ce qu'il laisse encore De tristes décors Piétiner le reste Quand le monde a la peste Ce qui lui reste C'est la forme endormie Dans une couverture Sur la banquette dure C'est la seule figure Le seul paysage Debout comme un mirage Le visage de l'ange Qui dort dans son lange Tombé des cieux Et dans le bruit des essieux Le vacarme d'enfer Du camion de fer Camion 'mion Tout ce qui lui reste Si le monde a la peste C'est la forme endormie Camion dans la nuit Camion blindé Depuis tant d'années Tant de coups bas Sans lumières et sans mât Lampes arrachées Camion s'en va D'une époque à vomir L'histoire dira Ce qu'il faut retenir Sur un tronc d'acacias Hurlement de pneus Vitre en éclats Camion broyé Et sur son cahier Trois lignes encore Trois mots rayés Les trois mots d'un noyé Dont on repêche le corps Par une nuit sans lune Une main passée Dans les boucles brunes Sur le front de l'ange Dans son lange Tombé des cieux Et dans le bruit des essieux Le hurlement d'enfer Du camion de fer Camion dans la nuit Camion brisé Vitres irisées Jonchant le sol Dans un creux chemin Ecrasant la main Dont l'âme s'envole Qui respire encore Comme ensorcelé Caressant le corps Et la nuque grise D'adulte broyé Où les os se brisent Dans le camion bâché Eclaté devant Où passe le vent Pour aller sécher Le front de l'enfant De larmes mouillé Dans le camion bâché Eclaté devant Où passe le vent Pour aller sécher Le front de l'enfant De larmes mouillé Camion sanctifié De terre soulevé Droit vers les cieux Le reste effacé L'arbre enfoncé En son milieu L'habitacle ouvert Sur le tapis vert De mousse indolore L'ange aux cheveux clairs Regarde son père Conduire encore Camion dans la nuit

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Ils

Bm, D, E, G, C, Gm, F, Am, Dm
empty heart empty heart Am, Em, G, F
empty heart empty heart G5, F#5, Em, Am, D7, F#7, B7, A7, Bm, A5, A#5, Em7, F5
La chanson évoque le voyage nocturne d'un camion, métaphore d'un monde en déliquescence, chargé d'illusions perdues et de désespoir. Elle dépeint une atmosphère sombre, où le véhicule, à la fois refuge et prison, transporte des souvenirs douloureux, des rêves brisés et des êtres fragiles. Au fil des vers, on ressent une lutte entre la vie et la mort, symbolisée par l’enfant et l’ange qui dorment, tandis que le camion s’éloigne, broyé par un monde violent. Les images dépeignent une réalité crue et presque onirique, ancrée dans une époque marquée par la souffrance et le désenchantement. Malgré cela, il semble aussi y avoir une quête de paix et d'évasion vers des cieux plus cléments, illuminés par la présence d’un ange. Ce mélange de douleur et de douceur confère à l'œuvre une profondeur poignante, renforçant le contraste entre la perte et l'espoir.