Robinson
Georges Chelon
J'étais à court d'idées j'étais à court de rimes Un coquillage vide sur une plage nue La mer à l'infini et le ciel par-dessus Une terre anonyme Rien à perte de vue Toutefois je cherchais la trace du passage Qu'un certain Robinson devait m'avoir laissée Sur la pierre une croix un indice un message Que le cours des saisons n'aurait pu effacer Moi qui rêvait de vivre seul Comme un ermite comme un sage Moi qui rêvais de vivre seul J'ai façonné à mon image Celui qui par le fil De mon inspiration Venait de s'échouer Sur cette île en carton Toutefois je cherchais les traces du passage Que quelques Robinson devaient avoir laissées Comme s'il nous fallait après chaque naufrage Retrouver à tout prix les choses du passé Sur la pierre une croix Quelque part un message Une empreinte de pas Sur le sable mouillé Je l'ai fouillé cent fois Foulé de long en large J'ai cherché nuit et jour Mais je n'ai rien trouvé J'ai grimpé tout en haut Tout en haut de cet arbre Et même encore plus haut Là-haut sur ce rocher J'ai regardé au loin Epié le rivage J'ai cherché nuit et jour J'ai jamais rien trouvé Je l'ai fouillé cent fois Foulé de long en large Nul n'y avait vécu Jamais je n'y vivrais Moi qui rêvais de vivre seul Moi qui rêvais de vivre seul J'ai brûlé le radeau C'est tout ce que j'avais Pour dire à vos bateaux De venir me chercher J'étais à court d'idées j'étais à court de rimes Un coquillage vide sur une plage nue Une île un Robinson Un naufrage un ermite Non vraiment pas de quoi En faire une chanson