Le pince-fesses
Georges Brassens
Pour deux ou trois chansons lesquelles, je le confesse Sont discutables sous le rapport du bon goût J'ai la réputation d'un sacré pince-fesses Mais c'est une légende, et j'en souffre beaucoup. Refrain : Les fesses, ça me plaît, je n'crains pas de le dire Sur l'herbe tendre j'aime à les faire bondir. Dans certains cas, je vais jusqu'à les botter mais Dieu m'est témoin que je ne les pince jamais. En me voyant venir, femmes, filles, fillettes Au fur et à mesure avec des cris aigus Courent mettre en lieu sûr leurs fesses trop douillettes Suivies des jeunes gens aux rondeurs ambiguës. Quand une bonne soeur m'invite entre deux messes A lui pincer la croupe infidèle à Jésus Pour chasser le démon qui habite ses fesses Je lui vide un grand verre d'eau bénite dessus. En revanche, si la même, enlevant son cilice Et me montrant ses reins me dit : "J'ai mal ici : Embrassez-moi, de grâce, arrêtez mon supplice !" Je m'exécute, en parfait chrétien que je suis. Quand me courant après, la marchande d'osties Me pris d'épousseter les traces que les doigts Des mitrons ont laissées sur sa chair rebondie Je la brosse ; un Français se doit d'être courtois ! Et quand, à la kermesse, une belle pratiquante M'appelle à son secours pour s'être enfoncée dans Sa fesse maladroite une herbe un peu piquante Je ne ménage ni mes lèvres ni mes dents. Certes, un jour, j'ai pincé l'éminence charnue A une moribonde afin de savoir si Elle vivait encore. Une gifle est venue Me prouver qu'elle n'était qu'en catalepsie. Enfin, si désormais quelqu'une de vos proches Affirme, en vous montrant son cul couvert de bleus Qu'c'est moi qui les ai faits, avec mes pattes croches En doute, révoquez ses propos scandaleux.