De place en place

Georges Brassens

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Intro : (x4) Ça naît un beau soir sur la butte, Ça grandit, on n'sait pas comment, Et, de cabriole en culbute, Ça tombe dans les bras d'un amant. Un joyeux petit gars de Montmertre Pour deux ronds de frites, un beau jour   L'initie aux joies de l'amour   Place du Ter - er -tre !   Comme on n'peut pas vivre sans galette, Un jour qu'on n'a rien à briffer Qu'on va vendre des violettes A la terrasse des grands cafés. La frimousse est plutôt pas mal Et tente le pinceau d'un rapin, Alors, on pose les "Diane au bain " Place Pigalle ! La peinture, c'est beau, mais c'est triste Et ça manque un peu d'essentiel Faut pas compter sur un artiste Pour se meubler chez DUFAYEL ! On a d'la poitrine et des hanches, Et l'on produit son petit effet, Alors, sur le coup d'minuit, on fait La place Blanche ! Puis, pour un nom à particule, On change le sien trop roturier ; On brode une couronne majuscule Sur son bicéphale armorié. On s'appelle Gisèle de Brantôme, Ou Sophie de Pont-à-Mousson, Et l'on promène son écusson Place Vendôme ! Mais ça n'dure qu'le temps d'un caprice : Inconstant, Paris s'est lassé Et passe à d'autres exercices, Délaissant le joujou cassé. C'est alors qu'le bourgeois vous loge, Tout en lésinant sur les frais, Dans un vieil hôtel du Marais Place des Vosges. Mais l'bourgeois, qu'est plein de principes, Vous quitte pour raisons de santé. Tout c'qu'on a de meubles et de nippes S'en va finir au Mont d' Piété. On d'vient la fée en maillot jaune Qu'admirent, sur les tréteaux forains, Les artilleurs du fort voisin, Place du Trône ! Dixième, la débauche et la boue, L'amour : Ah ! Quel mêtier d'enfer ! Et le dernier acte se joue, La nuit, sur un trottoir désert : Dans les fumées glacées de l'aube, Comme on enlève un chien crevé, On l'a r'trouvée sur le pavé D'la place Maube ! - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - GLOSSAIRE : Montmertre : Cette prononciation du mot Monmartre n'est pas fortuite ; elle donne un genre, un air de supériorité aux habitants de la Butte par rapport à ceux du Paris d'en bas. « Joyeux » petit gars : Surnom d'un soldat des bataillons disciplinaires d'infanterie légère d'Afrique ; les mauvais garçons et repris de justice étaient contraints d'aller faire leur service militaire dans ces bataillons. Galette : Argent en argot Rien à briffer : Rien à manger, de « Briffeton » : pain. Rapin : Peintre d'allure bohême, qui oeuvrait sur la butte Montmartre au début du XXe siècle. « Diane au bain » : Inusable sujet pictural sur un thème antique; scène très dévoyée, histoire de voir du nu, dans les boites à gogos de la place Pigalle. DUFAYEL : Grand magasin parisien du début du XXe siècle, situé au 26 de la rue Clignancourt. Bicéphale armorié : Blason représentant chaque côté d'une tête. Mont de Piété : crédit municipal parisien, où, pour obtenir quelques sous, on dépose, en gage, tout ce qui est négociable. Dixième : Dixième arrondissement de Paris, populaire et pauvre au début du XXe siècle, où se trouvent la gare du Nord et la gare de l'Est.

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empty heart empty heart Dm, Am, E7, G, C, B7, A7, E
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empty heart empty heart Bm, A, D, G, A7, C, F, Bb, F#7
empty heart empty heart Bb, A7, Gm, Dm, C7, F
La chanson évoque le parcours d'une jeune femme parisienne, illustrant les hauts et les bas de sa vie amoureuse et sociale à travers différents lieux emblématiques de la capitale. Au départ, elle fait l'expérience des plaisirs de la jeunesse sur la butte de Montmartre, avant de se retrouver à vendre des violettes sur les terrasses des cafés. Avec le temps, son existence se transforme, passant par des moments de gloire et de déchéance, symbolisés par des places parisiennes. Elle se voit contrainte de changer son identité et finit par subir les aléas de la vie, d'un appartement à la rue, illustrant ainsi la fragilité des rêves et des aspirations dans un Paris en constante évolution. Cette chanson prend racine dans le début du XXe siècle, une période où Montmartre est un véritable foyer de créativité artistique, tout en mettant en lumière les côtés plus sombres de la société parisienne, comme la pauvreté et la précarité. Elle s'inscrit dans une tradition de la chanson française qui explore le quotidien des individus face à la beauté et à l'âpreté de la vie urbaine.