Chansonnette à celle qui reste pucelle
Georges Brassens
Jadis la mineure Perdait son honneur Au moindre faux pas Ces moeurs n'ont plus cours de Nos jours c'est la gourde Qui ne le fait pas. Toute ton école, Petite, rigole Qu'encore à quinze ans Tu sois vierge et sage, Fidèle à l'usage Caduc à présent. Malgré les exemples De gosses, plus ample Informé que toi, Et qu'on dépucelle Avec leur crécelle Au bout de leurs doigts. Chacun te brocarde De ce que tu gardes Ta fleur d'oranger, Pour la bonne cause, Et chacune glose Sur tes préjugés. Et tu sers de cible Mais reste insensible Aux propos moqueurs, Aux traits à la gomme. Comporte-toi comme Te le dit ton coeur. Quoi que l'on raconte, Y a pas plus de honte A se refuser, Ni plus de mérite D'ailleurs, ma petite, Qu'à se faire baiser. Certes, si te presse La soif de caresses, Cours, saute avec les Vénus de Panurge. Va, mais si rien n'urge, Faut pas t'emballer. Mais si tu succombes, Sache surtout qu'on peut Être passée par Onze mille verges, Et demeurer vierge, Paradoxe à part.