Boulevard du temps qui passe

Georges Brassens

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À peine sortis du berceau, Nous sommes allés faire un saut, Au boulevard du temps qui passe, En scandant notre « Ça ira », Contre les vieux, les mous, les gras, Confinés dans leurs idées basses. On nous a vus, c'était hier, Qui descendions, jeunes et fiers, Dans une folle sarabande, En allumant des feux de joies, En alarmant les gros bourgeois, En piétinant leurs plates-bandes. Jurant de tout remettre à neuf, De refaire quatre-vingt neuf, De reprendre un peu la Bastille, Nous avons embrassé, goulus, Leurs femmes qu'ils ne touchaient plus, Nous avons fécondé leurs filles. Dans la mare de leurs canards, Nous avons lancé, goguenards, Force pavés, quelle tempête ! Nous n'avons rien laissé debout, Flanquant leurs credos, leurs tabous, Et leurs dieux, cul par-dessus tête. Quand sonna le « cessez le feu », L'un de nous perdait ses cheveux, Et l'autre avait les tempes grises. Nous avons constaté soudain, Que l'été de la Saint Martin, N'est pas loin du temps des cerises. Alors, ralentissant le pas, On fit la route à la papa, Car, braillant contre les ancêtres, La troupe fraîche des cadets, Au carrefour nous attendait, Pour nous envoyer à Bicêtre. Tous ces gâteux ces avachis, Ces pauvres sépulcres blanchis, Chancelant dans leur carapace, On les a vus, c'était hier, Qui descendaient jeunes et fiers, Le boulevard du temps qui passe.

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La chanson évoque un voyage dans le temps, où un groupe de jeunes, pleins de fougue et de révolte, se soulèvent contre les idées conventionnelles et les valeurs établies de leurs aînés. Ils décrivent leurs actions provocatrices, de l'embrassement des femmes à la mise en pièce des tabous de la société. Cependant, au fur et à mesure que les années passent, ils prennent conscience qu'ils deviendront eux aussi ces figures vieillissantes qu'ils critiquaient, confrontés au passage inexorable du temps. Dans un contexte de contestation et de révolte, cette chanson reflète un sentiment de jeunesse impertinente, qui cherche à bousculer l'ordre établi. Elle met en lumière le cycle de la vie, où les jeunes d'hier deviennent les vieux de demain, ayant eux aussi leurs rêves et leurs batailles. C’est un témoignage de l’inevitabilité du temps et de la transformation des idéaux au fil des générations.