Les amoureux des bancs publics
Georges Brassens
Les gens qui voient de travers Pensent que les bancs verts Qu’on voit sur les trottoirs Sont faits pour les impotents ou les ventripotents Mais c’est une absurdité Car à la vérité Ils sont là c’est notoir’ Pour accueillir quelques temps les amours débutant’s. [Refrain :] Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics bancs publics En s’foutant pas mal du r’gard oblique Des passants honnêtes Les amoureux qui s’bécotent sur les bancs publics Bancs publics bancs publics En s’disant des je t’aime pathétiques Ont des p’tites gueules bien sympatiques. Ils se tiennent par la main Parlent du lendemain Du papier bleu d’azur Que revêtiront les murs de leur chambre a coucher... Ils se voient déjà douc’ment Ell’cousant lui fumant Dans un bien-être sûr Et choisissent les prénoms de leur premier bébé... [Refrain] Quand la saint’famille Machin Croise sur son chemin Deux de ces malappris Ell’leur décroch’hardiment des propos venimeux... N’empêch’que tout’la famille (Le pèr’ la mèr’ la fill’ le fils le "Saint-Esprit"...) Voudrait bien de temps en temps Pouvoir s’conduir’comme eux. [Refrain] Quand les mois auront passé Quand seront apaisés Leur beaux rêves flambants Quand leur ciel se couvrira de gros nuages lourds Ils s’apercevront émus Qu’c’est au hasard des ru’s Sur un d’ces fameux bancs Qu’ils ont vécu le meilleur morceau de leur amour... [Refrain] (x2)