Les enfants morts

Gaël Liardon

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Ils sont là, près de nous, jouant sur notre route Ils ne dédaignent pas notre soleil obscur Et derrière eux, et sans que leur candeur s'en doute Leurs ailes font parfois de l'ombre sur le mur. Ils viennent sous nos toits ; avec nous ils demeurent Nous leur disons ou Ma fille, ou  Mon fils ; ils sont doux, Riants, joyeux, nous font une caresse, et meurent. - O mère, ce sont là les anges, voyez-vous ! C'est une volonté du sort, pour nous sévère, Qu'ils rentrent vite au ciel resté pour eux ouvert ; Et qu'avant d'avoir mis leur lèvre à notre verre, Avant d'avoir rien fait et d'avoir rien souffert, Ils partent radieux ; et qu'ignorant l'envie, L'erreur, l'orgueil, le mal, la haine, la douleur, Tous ces êtres bénis s'envolent de la vie À l'âge où la prunelle innocente est en fleur ! Nous qui sommes démons ou qui sommes apôtres, Nous devons travailler, attendre, préparer ; Pensifs, nous expions pour nous-même ou pour d'autres ; Notre chair doit saigner, nos yeux doivent pleurer. Eux, ils sont l'air qui fuit, l'oiseau qui ne se pose Qu'un instant, le soupir qui vole, avril vermeil Qui brille et passe ; ils sont le parfum de la rose Qui va rejoindre aux cieux le rayon du soleil ! Ils sont l'étoile d'or se couchant dans l'aurore, Mourant pour nous, naissant pour l'autre firmament ; Car la mort, quand un astre en son sein vient éclore, Continue, au delà, l'épanouissement ! Ils s'en vont ; c'est tantôt l'éclair qui les emporte, Tantôt un mal plus fort que nos soins superflus. Alors, nous, pâles, froids, l'oeil fixé sur la porte, Nous ne savons plus rien, sinon qu'ils ne sont plus. Nous disons : - À quoi bon l'âtre sans étincelles ? A quoi bon la maison où ne sont plus leurs pas ? A quoi bon la ramée où ne sont plus leurs ailes ? Qui donc attendons-nous s'ils ne reviendront pas ? - Ils sont partis, pareils au bruit qui sort des lyres. Et nous restons là, seuls, près du gouffre où tout fuit, Tristes ; et la lueur de leurs charmants sourires Parfois nous apparaît vaguement dans la nuit. Nous sentons frissonner leurs cheveux dans notre ombre ; Nous sentons, lorsque ayant la lassitude en nous, Nous nous levons après quelque prière sombre, Leurs blanches mains toucher doucement nos genoux. Ils nous disent tout bas de leur voix la plus tendre : "Mon père, encore un peu ! ma mère, encore un jour ! "M'entends-tu ? je suis là, je reste pour t'attendre "Sur l'échelon d'en bas de l'échelle d'amour." Quand nous en irons-nous où vous êtes, colombes ! Où sont les enfants morts et les printemps enfuis, Et tous les chers amours dont nous sommes les tombes, Et toutes les clartés dont nous sommes les nuits ? Quand nous en irons-nous où sont l'aube et la foudre ? Quand verrons-nous, déjà libres, hommes encor, Notre chair ténébreuse en rayons se dissoudre, Et nos pieds faits de nuit éclore en ailes d'or ?

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empty heart empty heart D, G, A, Bm, F#m
empty heart empty heart D, G, A, Bm, D7, B7, E7
Cette chanson évoque la présence des enfants décédés, décrivant comment ils continuent à vivre parmi nous d'une certaine manière, empreints d'innocence et de lumière. Ils apparaissent comme des anges, apportant douceur et joie, avant de s'envoler vers le ciel, laissant derrière eux une douleur pour ceux qui restent. Le texte souligne le contraste entre leur candeur et les épreuves que nous, les vivants, devons traverser, tout en exprimant un profond désir de rejoindre ces êtres chers là où ils se trouvent maintenant. L'idée centrale tourne autour de l'amour filial, de la perte et de l'espoir d'une rencontre future dans l'éternité.