Variétés
Font et Val
Je sais bien que c'est mal porté De médire des gens du métier Quand soi-même on est dans le coup Tu passes pour aigri, c'est pas bien Mais moi comme j'fais partie de rien J'ouvre ma gueule dans le vent Je dis ce que j'pense en passant La politesse je m'en fous A l'Olympia, Michel Sardou Pour la peine capitale chante C'est un p'tit mec qui fait des sous En débitant de l'épouvante Mais quand ça passe à la télé Le sam'di soir à vingt heures trente Sous prétexte de liberté De démocratie émouvante Si on a le droit de tout faire Pourquoi personne chante le contraire ? Serait-ce qu'il n'y a pas encor' De chanteurs contre la peine de mort ? Si y'avait qu'lui, mais y'a pas qu'lui Y'a ceux qui ne parlent de rien Et qui débitent des âneries Qui emmerdent même mon chien Qui bercent les oreilles enfantines L'amour toujours pour les p'tites filles Prends un Coca et assieds-toi ! Marie-toi et vis comme une conne ! La variété, ça m'apprend ça Plus tu en veux, plus ça t'en donne La radio à longueur de disques Nous enfonce dans les oreilles Tous les sous-produits du fascisme Et en plus ça fait de l'oseille Ca fait des trous dans ta jeunesse Avec l'acide des chromos Tu mets Johnny dans tes caresses Et tu baises avec ta moto Le tube, tu vas rentrer dedans Une fois qu't'y es, tu t'laisses aller C'est parti basta et bon vent T'es citoyen; tu peux voter Et si tu sais en quelle année Cloclo a découvert l'amour Tu peux aller à la télé P't'être que tu vas gagner l'concours Même si tu perds, tu as gagné T'as des souvenirs à raconter Je vais tâcher de m'expliquer On va parler un peu ici D'quand les nazis avaient changé Le nom de la démocratie En quarante, y'avait des chanteurs Qui parlaient des petites fleurs Après, on les traita d'salauds Pour avoir distrait les ballots C'est vrai que, quand on tait l'horreur On la cautionne en f'sant son beurre En conséquence, nos trouvères Ils rentraient dans le jeu d'Hitler Le jeu des camps de la misère De la torture et de l'enfer Pour moi, qui n'ai pas de frotière Je suis Français par accident Qui suis du monde du sentiment Et qui ai si peur de l'enfer Quand je vois tous ces petits cons Qui parlent de rien dans leurs chansons Tous ces minets du show-business Qui s'engraissent sur la détresse Sexuelle et la vie sans talent Et médiocre de leurs clients Ces ruminants au joli coeur Ils participent à l'horreur De l'apartheid et du Chili Et de l'Espagne et du Brésil De toutes les prisons politiques Et des ghettos de l'Amérique Et des bagnes militaires de France De la vie qui prend des vacances Entre les murs d'une H.L.M. Avec "elle, elle, je ne veux qu'elle" Avec au bout d'la route, la mort Mais la variété bande encore Je sais bien que c'est mal porté De médire des gens du métier Quand soi-même on est dans le coup Tu passes pour aigri; c'est pas bien Mais moi comme j'fais partie de rien J'ouvre ma gueule dans le vent Je dis ce que je pense en passant La politesse, je m'en fous.