Marie
Font et Val
A dix-huit ans lorsque l'on est vierge et jolie, Que par-dessus le marché on s'appelle Marie, Marquée par ce prénom trop lourd de conséquences On se croit pénétrée d'une certaine importance. Préférant le mariage aux rigueurs du couvent, Elle proposa l'anneau à son premier amant Dont la surprise fut si vive qu'il chanta A la surprise de Marie ce refrain-là : [Refrain :] Ne fais pas ça Marie Ne fais pas ça C'est une belle connerie Que tu fais là T'es trop jolie Marie Pour sacrifier, oh yeah Ton coeur et ta beauté Au bras d'un seul mari. Mais au lieu d'écouter la chanson de l'ivresse Dont les voyages d'amour forment la jeunesse, Elle embarqua son Roméo dans l'autobus Dont la mairie du seizième est le terminus. Le maire impressionné en la voyant si belle Fut emporté par un lyrisme inhabituel Et sous les yeux des deux familles ulcérées Déchira son discours et se mit à chanter : [Refrain] Méprisant les conseils de l'officier civil Qui pour une fois n'avait pas l'air d'un imbécile Elle rembarqua son Roméo dans l'autobus Dont l'église de la Madeleine est le terminus. L'évêque et les enfants de choeur époustouflés Croyant voir Sainte Marie en robe de mariée S'agenouillèrent aux pieds de l'apparition Et entonnèrent d'une voix pleine d'émotion : [Refrain] Face au refus de toutes les formes d'autorité Refusant de se laisser choir dans le pêché Les larmes aux yeux elle monta seule dans l'autobus Dont le couvent des Clarisses est le terminus. Puisqu'on ne veut pas me marier Mère Supérieure Je n'ai plus qu'à me donner à notre Seigneur Et c'est alors qu'on vit Jésus quitter sa croix Pour lui chanter avec les mains en porte-voix : [Refrain]