Les marins
Font et Val
Quand on s'embarque en mer ma doué, Il convient d'emporter Tout au fond de son havresac La bouteille de cognac Avec la gourde de whisky Pour le mal du pays, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins. Z'étaient une bonne demi-douzaine Avec leur capitaine, Partis pour la pêche hauturière En maudissant la mer Qui éloigne les matelots De l'ancre du bistrot, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins. Mais quand on a noyé son père, Son beau-frère et son frère, Loin d'être sensible à l'intox De l'Océano Nox, On donn'rait tout Victor Hugo Pour un verre d'apéro. Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins. Après cinq à six jours de pêche, Z'avaient la langue si rêche Qu'ils balancèrent par-dessus bord L'eau qui restait encore Et s'enivrèrent deux par deux Comme les amoureux, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins. Quand revint le jour de rentrer, Ils étaient fin pétés Au point d'monter sur la dunette Pour enculer les mouettes Qui depuis ce viol audacieux Poussent des cris vicieux. Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins. Le capitaine, bourré à mort, Laissa virer de bord Le chalutier qui vent debout, Se coucha d'un seul coup. C'est une belle mort en vérité Que de mourir pinté, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins, Qu'on me pardonne si j'atteins L'honneur de nos marins. La veuve a pleuré sur la digue Et le curé prodigue Vient d'assommer quelques poissons A coups de goupillon. Mais le vent qui remporte au gué Les bouteilles consignées Me pardonnera si j'atteins L'honneur de nos marins, Me pardonnera si j'atteins L'honneur de nos marins.