Un piano
Colette Renard
Quand je n'aurai plus le moindre souffle de vie Quand toutes les cloches de France sonneront mon heure Quand je dormirai seule au milieu de mon lit Je ne veux pas de larmes, je ne veux pas de pleu-eurs Ce qui me conduira plus sur notre ciel Qu'une gerbe de roses ou qu'un Alléluia Ce n'est pas les oraisons de vos missels Mais la chaleur du seul qui me regrettera Un piano, pas le piano de Beethoven Mais le piano de la païenne que je suis Le piano qui fera tant pleurer ses cordes Que viendra la miséricorde grâce à lui Quand je déserterai le grand troupeau de loups Quand ils auront fini de me manger le cœur Quand je me coucherai pour m'en aller dessous Je ne veux pas de larmes, je ne veux pas de pleu-eurs Ce qui me conduira plus sur notre ciel Qu'une prière faite tout exprès pour çà Ce ne sont pas les orgues de vos belles chapelles Mais la prière du seul qui me regrettera Un piano, pas le piano de Beethoven Mais le piano de la païenne que je suis Le piano qui fera tant pleurer ses cordes Que viendra la miséricorde grâce à lui Quand je te laisserai le second oreiller Quand je te quitterai toi que j'aime, mon cœur Quand je t'aurai donné notre dernier baiser Je ne veux pas de larmes, je ne veux pas de pleu-eurs Ce qui me conduira plus sur notre ciel Que la dernière rose que tu me jetteras Ce n'est pas le chagrin d'un amour infidèle Mais tout l'amour du seul qui me regrettera Un piano, pas le piano de Beethoven Mais le piano de la païenne que je suis Le piano qui fera tant pleurer ses cordes Qui viendra la miséricorde grâce à lui …