Quand les cigales seront parties
Charles Trenet
Je sais pourquoi je me suis enfui un peu amer Des bords de mer bien trop brûlants en ce moment Pour retrouver en vérité la capitale Dans sa fraîcheur d'été sentimentale Mais... Je reviendrai quand les cigales seront parties Je reviendrai de la place Pigalle vers le midi, Quand les premières brises d'automne Seront promises aux toits de Narbonne, Quand les platanes dans leur décor Auront déjà des feuilles d'or ... Et quand là-haut passeront de tout petits nuages gris Quand les oiseaux se blottiront au coeur des nids, Quand à mes yeux seront offertes Vingt-mille lieues de rives désertes Quand les touristes seront partis Je reviendrai ici. Je reviendrai quand les cigales seront parties Je reviendrai, ah quel régal par-là, par-ci Quand sur la grand'route de Port-Vendres Les écriteaux de maisons à vendre Sauront très bien qu'en vérité Ils ne sont lus que pendant l'été. Quand les albères, dans ma course, ah quelle promenade Avec leurs sources, leurs eaux claires en régalade Charmeuse me diront en souvenance Qu'elles sont heureuses d'être en France Alors ému je répondrai Mais oui je reviendrai c'est vrai. Je reviendrai quand une silhouette, bleue à mon goût Fera surgir toutes les facettes du Canigou Et soudain débouchant à Prades Apparaîtra sa belle façade Ornée de verts micocouliers Dans tous les travers des halliers Quand le soleil se couchera nu, seul, sans personne Faisant rougir toutes les vieilles rues de Carcassonne Je ferai comme lui sur une plage Disparaissant dans l'eau sauvage Et dans le bal du bain de minuit Quand les cigales mais oui Quand les cigales Quand les cigales Quand les cigales seront parties.