L'oiseau des vacances
Charles Trenet
Sur une branche de bois mort Le dernier oiseau de l'été Se balance Dernier dimanche en ce décor Où meurt le sourire enchanté Des vacances Dernier soleil qui nous salue Et qui s'éclipse au fond des nues Dans sa gloire Demain sera fini l'amour Et nous n'aurons plus ces beaux jours Qu'en mémoire A quoi bon dire: "à l'an prochain" Quand on n'est pas du tout certain D'être ensemble La vie se plaît à séparer Ceux qui dans le bonheur d'aimer Se ressemblent Et puis les jours et les saisons Tout comme l'amour et les chansons Sont volages Ce soir ton coeur est là, fidèle Oui mais demain plus d'hirondelle Sur la plage Non il n'est jamais revenu Le temps béni, le temps perdu Triste chose Le temps de mes premiers émois Qui fleurissaient comme les lilas Et les roses Pourtant le soleil avait dit: "Je reviendrai après la pluie De décembre" L'hiver a quitté son linceul Et je demeure là toujours seul Dans ma chambre A mélanger des souvenirs A ne savoir lequel choisir Passent les heures A se dire « il faut être fou Pour en rire ou bien après tout Qu'on en pleure Cela n'est pas très important J'avais quinze ans, vingt ans, trente ans Que m'importe » Disons-nous pour nous consoler Qu'on a bien fait de s'envoler De la sorte J'entends alors comme une voix Qui murmure je ne sais pourquoi Des rengaines Toutes me redisent dans leur Refrain Ces mots qui me font à la fin De la peine « Que viens-tu chercher en ces lieux Toi qui cent fois fis tes adieux À l'enfance C'est toi la branche de bois mort C'est toi l'oiseau, la mer, le port Les vacan ces... »