Je reviens Fanny
Charles Aznavour
J'avais des idées vagabondes lorsque j'étais encore enfant, Je voulais parcourir le monde pour voir les Îles Sous-le-Vent. La mer et toi ( Est-ce ma faute ? ) étaient maîtresses de ma vie. J'ai suivi l'une et laissé l'autre. Le vent me gifle, le vent me gifle Je reviens, Fanny ! À courir après les mirages on passe à côté du bonheur. Les ports ont tous même visage dont un seul s'accroche à mon coeur. Il pleure derrière une porte, un gars qui emporte avec lui ses joies brisées, ses amours mortes. Le temps me griffe, le temps me griffe. Je reviens, Fanny ! Ton Marius est sur la vague, ton Marius est sur le pont Qui rentre de son escapade avec toi pour seul horizon. Il vient sans fortune et sans gloire au gré du vent qui le conduit Pour se fondre avec sa mémoire. La voile claque, la voile claque. Je reviens, Fanny ! Adieu mes rêves d'aventures, au diable ma route sans but ! Je voudrais panser mes blessures et retrouver le temps perdu Pour remonter jusqu'à la source de nos émois, de nos folies Et dans tes bras finir ma course ! L'aube se lève, l'aube se lève. Je reviens, Fanny ! Le monde n'a plus de surprise à m'offrir et depuis longtemps ! La mer a perdu son emprise sur moi et je ne suis l'amant Que de souvenirs qui s'invitent à partager mes longues nuits Qui me déchirent et qui m'agitent. Le coeur me saigne, le coeur me saigne ! Je reviens, Fanny ! Ton Marius a soif de vivre, ton Marius a faim de toi ! Il se libère, il se sent ivre près du port, tout loin de tes bras. Il s'est enfui cette nuit même où tu lui offrais dans un cri Ta jeunesse contre un je t'aime ! L'amour me porte, l'amour me porte ! Je reviens, Fanny !