La route
Charlélie Couture
Et crever de soif dans la montagne Plonger à poil dans les torrents Marcher dans l'herbe jusqu'à la taille Et avaler de la poussière Pisser sur une fourmilière Il prend son temps Des ampoules aux talons Et y'en a qui courent comme des coupables Y'en à qui roupillent comme des lézards Lui il savoure l'inexplicable Il fait la route comme un pel'rin Et il continue, il continue Les yeux ouverts sans ticket de retour Et tendre le pouce assis dans la mousse Coucher sur la paille avec une odeur animale Comme un nomade en rade, un croisé sans croisade Et pas de plan et pas de bataille Il a lâché le gouvernail Et sa barque dérive au grès des courants nonchalants Il veut pas succomber comme une branche qui va tomber En attendant la r'traite avec une bouillotte électrique En r'gardant par la f'nètre comme un Bernard Lermite Y'en a qui discutent et qui f'ront jamais rien Y'en a qu'on pas d'but et qui dissent y'a rien d'bien Mais on est si p'tit dans la montagne. Et se laver dans l'eau froide des fontaines Gagner trois ronds ici en boulot saisonnier Tout devient possible quand on est pas attaché Et s'arrêter pour croquer une tomate Ou un bout de fromage un canif à cinq lames Dans le fond de la poche et pas de compte à rendre Il fait de mal à personne naïf et utopique Il préfère faire la route, faire la route sans étique Il est jamais sorti de ce vieux rêve beatnik Il don'rait le peu qu'il a plutôt que de se battre Il a pas peur d'être pauvre Y'a pas de frontière la nuit sous l'étoile polaire On d'vient si vite l'esclave de ses esclaves dit-il Il préfère la route collée à ses s'melles tant qu'il n'a pas de rhumatisme Il préfère la route la route la route la route la route la route la route la route la route la route la route Finale :// / ////