En revenant de la revue
Bourvil
Je suis le chef d'une joyeuse famille Depuis longtemps j'avais fait l'projet D'emmener ma femme, ma soeur, ma fille Voir la revue du quatorze juillet Puis après avoir cassé la croûte En choeur nous nous sommes mis en route Les deux femmes avaient pris le devant Moi j'donnais le bras à belle-maman Chacun devait emporter De quoi pouvoir boulotter D'abord moi je portais les pruneaux Ma femme portait deux jambonneaux Ma belle-mère comme fricot Avait une tête de veau Ma fille son chocolat Et ma soeur deux oeufs sur le plat. Gais et contents Nous marchions triomphants En allant à Longchamp Le coeur à l'aise Sans hésiter Car nous allions fêter Voir et complimenter L'armée française. Bientôt de Longchamp on foule la pelouse Nous commençons par nous installer Puis je débouche les douze litres à douze Et on se met à saucissonner Tout à coup on crie: Vive la France Crédié! C'est la revue qui commence Je grimpe sur un marronnier en fleurs Et ma femme sur le dos d'un facteur Ma soeur qu'aime les lanciers Acclame ces fiers troupiers Ma tendre épouse bat des mains Quand défilent les Saint-Cyriens Ma belle-mère pousse des cris En reluquant les spahis Moi je faisais qu'admirer Le brave général Boulanger. Gais et contents Nous étions triomphants De nous voir à Longchamp Le coeur à l'aise Sans hésiter Nous voulions tous fêter Voir et complimenter L'armée française. En route j'invite quelques militaires À venir se rafraîchir un brin Mais à force de lécher des verres Ma famille avait son petit grain Je quitte le bras de ma belle-mère Je prends celui d'une cantinière Et, le soir, lorsque nous rentrons Nous sommes tous complètement ronds Ma soeur qui était en train Ramenait un fantassin Ma fille qui avait son plumet Sur un cuirassier s'appuyait Ma femme, sans façon, Embrassait un dragon Ma belle-mère au petit trot Galopait au bras d'un turco. Gais et contents Nous allions triomphants En revenant d'Longchamp Le coeur à l'aise Sans hésiter Nous venions d'acclamer D'voir et complimenter L'armée française.